Je suis désolé que ce pauvre Prometheus t'ai fait mal comme ça, surtout ou tu le dis, cher Razeem. Tu me parais fort censé, sur ce coup-là.
Loin de moi l'idée de dire que Prometheus est un chef d'oeuvre objectif, et que c'est un grand incompris de l'histoire du cinéma. Je n'ai vraiment rien à répondre à tous les arguments plein de bon sens que j'ai lu ici. Bien sûr, le duo comique perdu dans les tunnels de.. de... on sait pas quoi d'ailleurs m'a fait sourire, et rien que quand le géologue à la crête débarque, j'ai compris qu'il allait y avoir une grande demande de license poétique pour suivre le film.
Je peux apprécier un film bien écrit, bien structuré, logique et cohérent, mais pour moi, un film peut être une expérience marquante, voire un film formidable sans que j'accorde la moindre importance au scénario.
There Will Be Blood, me dis-tu ? Ben justement ! Enlève la mise en scène de PTA, ce sens de l'image, de la longueur qu'il faut accorder à une séquence, un plan, il ne reste rien.
Idem pour Malick. C'est même fascinant: sur le papier, un machin comme To the Wonder n'existe pas. là-dedans il n'y a pas de personnages ni d'intrigue au sens psychologique, au sens "comédie dramatique", comme on dit sur les panneaux des médiathèques. Et pourtant- et dieu sait que j'ai trouvé que ce film en particulier est un naufrage, c'est quand même du cinéma, et du cinéma qui se tient.
Si tu veux, il y a des acteurs que je peux écouter lire le bottin, et des cinéastes dont la "musique" de mise en scène me parle tellement, que
je pourrais les regarder filmer n'importe quoi.Pour moi, c'est ça aussi le cinéma, quelque chose de très physique, en tant cas qui repose sur l'imagerie, l'informulé, ce qui fait que Prometheus m'a vraiment parlé- ce que le filme produit comme images sur la maternité (l'enfantement, plutôt...), la filiation, l'angoisse de la mort et celle de la dégénérescence qui va avec, la question, évidemment, de l'existence de Dieu- et j'ai vu dans le film un catalogue d'images et de séquences assez fascinantes ou Scott a laissé parler sa psyché. Je crois que c'est le film de SF qui m'a le plus parlé ces dernières années, avec Oblivion, je pense- en tous cas celui que je trouve le moins calculé.
Pour tout le reste, et tout à fait objectivement, je me sens on en peut plus d'accord avec toi ! Notamment sur le fait qu'on fond, l'histoire ne déroule rien, qu'il ne se passe, en fait, pas grand chose, et que les gars ne savent pas où ils vont. Mais j'ai trouvé que c'est ce qui donnait sa beauté paradoxale au film.
On va quand même se réjouir d'un film qui viendrait VRAIMENT éclairer les zones d'ombres d'Alien, et nous expliquer, concrètement, tous les éléments fascinants du premier film, si ?
.. Tout ceci posé, j'espère que le nouveau Blade Runner capotera, donner une suite à ce film n'a aucun sens, d'autant plus qu'il a tellement marqué la SF cinématographique, que les suites "thématiques" ont déjà été faîtes et refaites depuis 30 ans.