Antichrist

[Thomas Day]

Vu hier (à déconseiller aux enfants et aux personnes sensibles).

Grosse claque.

Sans aucun doute le film le plus féministe de Lars Von Trier. Charlotte Gainsbourg n'a pas volé son prix d'interprétation (certains plans tragiques magnifient ses traits russes). Le film est lent, dur, aux limites du grotesque/grand guignol... comme souvent chez Lars Von Trier.
Le travail sur l'image et le son est absolument sublime. Certaines des images sont inoubliables (l'arbre et les mains, la biche et son petit mort-né). D'autres sont à peine soutenables.
Il y a un vrai travail de fonds sur ce que peut être une "sorcière" (j'ai vu dans le film, mais je me trompe peut-être, deux allusions - limpides ? - à l'église de Satan d'Anton LaVey et aux thèses de celui-ci, notamment à la partie "féministe" de sa bible de Satan).

Un film jusqu'auboutiste qui restera (qu'on le veuille ou pas).

TD

(Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à L'Exorciste... un exorciste de notre temps - psychanalyse + écologie + arrogance + échec concret/partiel du féminisme)

[T. Di R.]

En ce qui me concerne, seulement grotesque. Et si j'ai bien compris: l'homme réfléchit froidement, quelles que soient les circonstances, la femme est l'incarnation du mal, et la nature est figée, hostile et stupide. Von Trier ne veut rien apprendre de ses congénères - les hommes - et n'a rien compris aux femmes. Ça, un film féministe?
Les quelques fulgurations cinématographiques (le prologue, notamment) et la performance magnifique de Charlotte Gainsbourg ne suffisent pas à faire un film, à mes yeux.

[PascalG]

Ça fait longtemps que je l'ai vu maintenant (à sa sortie) et j'ai une mémoire d'escargot nain, mais oui, film féministe, c'est bien ce qui m'était venu a posteriori. Là, comme ça, je ne sais plus trop pourquoi. Mais le personnage masculin est un salaud. Le personnage féminin, s'il est l'incarnation du mal, l'est aux yeux du personnage masculin uniquement. Le personnage masculin n'est qu'un nouvel avatar des chasseurs de sorcières de tous temps : "brûlons une gonzesse, ça peut pas faire de mal". Elle ne fait que se défendre. Etc...

Enfin, encore une fois, tout cela ne repose que sur des souvenirs plus que minces...

[T. Di R.]

Ça fait longtemps que je l'ai vu maintenant (à sa sortie) et j'ai une mémoire d'escargot nain, mais oui, film féministe, c'est bien ce qui m'était venu a posteriori. Là, comme ça, je ne sais plus trop pourquoi. Mais le personnage masculin est un salaud. Le personnage féminin, s'il est l'incarnation du mal, l'est aux yeux du personnage masculin uniquement. Le personnage masculin n'est qu'un nouvel avatar des chasseurs de sorcières de tous temps : "brûlons une gonzesse, ça peut pas faire de mal". Elle ne fait que se défendre. Etc...

En lecture première, oui. Mais:
Pourquoi, alors, s'acharne-t-elle, dans la dernière partie du film?
Il y a le regard de la mère, lors de l'ultime retour, par Von Trier, à la scène de la fenêtre;
La dernière scène est stupide et sert d'alibi pour le cinéaste, à mon avis.

En un mot ou deux, je n'aime pas les créateurs qui cultivent l'ambiguité. Enfin, je l'ai ressenti comme tel.

[PascalG]

Pourquoi, alors, s'acharne-t-elle, dans la dernière partie du film?

Mais parce que, bons sang, y en a marre de ces mecs qui veulent nous faire passer pour des cinglées dès qu'on a un coup de blues ! Non ? Moi aussi j'avais envie de le défoncer à coups de chopes de bière... Je sais pas.

Il y a le regard de la mère, lors de l'ultime retour, par Von Trier, à la scène de la fenêtre;

Mais là encore, rien n'indique que ce regard de la mère soit vu du point de vue de la mère ? N'est-ce pas un témoignage à charge de plus du père ? tu vois ce que je veux dire ? C'est très loin, mais je crois que ce n'est pas si évident que ça.

La dernière scène est stupide et sert d'alibi pour le cinéaste, à mon avis.

D'accord pour dire qu'elle ne sert à rien. Mais bon... Tu y vois un alibi là où je vois un surlignage. Nous ne serons pas d'accord tant que je ne l'aurai pas revu, ce qui risque de ne pas arriver...

En un mot ou deux, je n'aime pas les créateurs qui cultivent l'ambiguité. Enfin, je l'ai ressenti comme tel.

Oui, alors, là, évidemment, l'ambiguïté avec Von Trier, tu es plus que servi...

[T. Di R.]

Pourquoi, alors, s'acharne-t-elle, dans la dernière partie du film?

Mais parce que, bons sang, y en a marre de ces mecs qui veulent nous faire passer pour des cinglées dès qu'on a un coup de blues ! Non ?* Moi aussi j'avais envie de le défoncer à coups de chopes de bière... Je sais pas**.

Il y a le regard de la mère, lors de l'ultime retour, par Von Trier, à la scène de la fenêtre;

Mais là encore, rien n'indique que ce regard de la mère soit vu du point de vue de la mère ? N'est-ce pas un témoignage à charge de plus du père ? tu vois ce que je veux dire ?*** C'est très loin, mais je crois que ce n'est pas si évident que ça.

La dernière scène est stupide et sert d'alibi pour le cinéaste, à mon avis.

D'accord pour dire qu'elle ne sert à rien. Mais bon... Tu y vois un alibi là où je vois un surlignage. Nous ne serons pas d'accord tant que je ne l'aurai pas revu, ce qui risque de ne pas arriver...

En un mot ou deux, je n'aime pas les créateurs qui cultivent l'ambiguité. Enfin, je l'ai ressenti comme tel.

Oui, alors, là, évidemment, l'ambiguïté avec Von Trier, tu es plus que servi...****

* Non, ça ne me convainc pas.

** Tu ne sais pas, et c'est bien ça le problème.

*** Non, je ne vois pas, et ce n'est pas très important, au reste.

**** C'est sûr, et je n'aime pas du tout. Ce genre d'"artistes" s'en tire à bon compte en suscitant la polémique sans jamais se positionner; l'ambiguité, de ce point de vue-là, c'est franchement putassier. Donc, désormais, après ce coup d'essai - je ne me serais jamais déplacé au cinéma pour voir un de ses films - ce sera sans moi.