[Série TV] Narcos

[Thomas Day]

Wagner Moura dans le rôle de Pablo Escobar

J'ai hâte !

TD

[Thomas Day]

C'est tellement bien que je n'arrive même pas à expliquer pourquoi.
La voix off, le mélange d'archives et de scènes tournées, l'interprétation de Wagner Moura, les persos, le rythme, l'absence totale de tout manichéisme...

Pedro Pascal, vu dans Le trône de fer, est tellement bon qu'il vole régulièrement la vedette aux autres interprètes.

Narcos est une tuerie (pour adultes consentants).

TD

[Léo Henry]

Je suis tellement pas d'accord que je ressors une critique tartinée ailleurs pour me rafraîchir la mémoire. Kof kof.

Alors donc, NARCOS c'est de la grosse merde fumante.

Je n'avais pas une haute opinion de Padilha avant, juste un certain respect pour son aptitude à filmer la guerre en ville et une fascination morbide pour son manque absolu de recul et la bétise de ses analyses politiques (à côté desquelles celles de Franck Miller semblent frappées au coin du bon sens). Il réussit pourtant, grâce au pognon de Netflix et à la cécité de leurs producteurs, le tour de force de pourrir un sujet absolument captivant - la relation étazuno-colombienne sous le règne d'Escobar - avec un mépris de la Colombie qu'on ne pouvait guère rencontrer, dans le monde, que chez un Brésilien.

Walter Moura joue Escobar comme une patate amorphe : on nous dit qu'il a pris douze kilos et qu'il a appris l'espagnol pour le rôle et vous savez quoi, ça se voit. Il n'a jamais été aussi mauvais. Un peu comme si les Danois avaient fait un biopic sur Pétain filmé en Corrèze avec Mads Mikkelsen qui harangue la foule en phonétique. Même la chouette musique du générique qui fait pseudo-son colombien des années 80 est de Rodrigo Amarante, un brésilien à la mode à barbe de hipster qui passe sur FIGARO TéVé (voilà des fonds de soutien à la presse bien employés, dites moi). A un moment du pilote, des mariachis la jouent et Moura-Escobar, légèrement insistant, de beugler en portugnol : "réchouez-la moua ché la plou bèle mousik de mon enfanze".

Après, je sais pas ce que je préfère, des FARCS vus comme des gamins qui jouent aux indiens dans la forêt, des rôles féminins forts (la pute, la maman, l'infirmière), de la pesanteur de chaque scène où tout est répété trois fois, des tics cheaps repompés ENCORE sur la Cité de Dieu, de la voix off indispensable pour lier le tout mais totalement incohérente dans sa tonalité. J'ai lâché l'affaire à 3/10 avec un sentiment de gâchis. Quel putain de sujet, quand même. Non ?


(et je rajoute à cette diatribe la piste d'une novela colombienne sur le même sujet : Escobar, el patrón de mal, dont on m'a dit plutôt du bien - pour qui supporte, j'imagine, les sagas en 113 épisodes)

[Thomas Day]

C'est bien, maintenant tout le monde est obligé de le voir, pour nous départager.

;-)

TD

(Léo, je te trouve quand même (un poil) de mauvaise foi, continue comme ça et tu vas finir par écrire dans Bifrost...)

[Aldaran]

C'est bien, maintenant tout le monde est obligé de le voir, pour nous départager.

Si vous départager sur le sujet doit avoir un sens (j'en doute), il faudra que l'un enlève la pyrotechnie de sa critique et que l'autre se creuse pour nous expliquer pourquoi il a aimé.

Bon week end, on ramasse les copies lundi.

[Thomas Day]

... l'autre se creuse pour nous expliquer pourquoi il a aimé.

J'ai vraiment eu du mal à lâcher, et seul ma charge de travail/mes obligations paternelles m'ont décollé de l'écran.

Il est vrai que je suis incapable de faire la différence entre l'accent brésilien et l'accent colombien.

Quant à la politique dans la série... c'est pas une série politique (même si elle met en scène beaucoup d'hommes politiques), c'est un peu Les affranchis en Colombie, avec la voix off et les flash-forward qu'icelle permet.

TD

[Léo Henry]

Je suis pas sûr qu'on puisse évacuer la dimension politique du projet. Ou alors on ne vend pas ce truc comme une histoire de Escobar (on ne capitalise pas sur le lien au réel). Padilha est super touchy sur ces questions et j'en attendais vraiment pas grand-chose - ben j'ai quand même été super déçu.

Après, en tant que pure série de divertissement, ça ne vaut pas non plus tripette. Il n'y a pas un perso crédible, on se fout à peu près complètement des enjeux narratifs, la réal est clinquante à la mode (à la mode d'il y a quinze ans en fait). Mais bon, goûts et couleurs, j'imagine.

Sur une période historique proche, qu'est-ce que vous pensez du Carlos de Assayas, par exemple ? Je trouve perso ça beaucoup plus intéressant, avec un traitement un peu similaire (une série télé de fiction, une reconstitution d'événements historiques de la même époque, des enjeux internationaux) mais avec des choix formels radicalement différents.

Après, je crois que j'ai vraiment du mal avec la fictionalisation décérébrée d'événements réels.

[Thomas Day]

J'ai beaucoup aimé le Carlos d'Assayas (j'ai même acheté le coffret DVD), mais c'est hautement plus cérébral. C'est sans doute mieux sur tous les plans, mais c'est moins fun/addictif ; Narcos c'est drôle, il y a des moments de pure comédie (alors maintenant j'ai un doute, à cause de toi, Léo, je finis par me demander s'ils ne sont pas involontaires tous ces moments drôles...).

TD

[Erwann]

Une bande-annonce pour la saison 2, prévue pour le 2 septembre sur Netflix.

[Thomas Day]

Vu la saison 2.
Nettement moins drôle, nettement plus violente (si si) et plus tragique.
Escobar devient un personnage complexe plus intéressant, Javi prend de l'épaisseur. Les personnages sont mieux écrits, mais on perd en fun et en inventivité.
L'épisode 4 est très impressionnant, comme le dernier.

Je suis moins convaincu, mais je ne sais pas si c'est la fin de l'effet de surprise ou une saison moins réussie.

Paradoxalement, ça donne furieusement envie d'aller en Colombie.

TD