Quelque part entre l’Argentine et le Paraguay sous domination espagnole, Zama, un fonctionnaire colonial, attend une lettre du roi qui lui permettra de rentrer chez lui et de retrouver les siens. La lettre ne vient pas, Zama sombre peu à peu dans la folie au milieu de la moiteur tropicale.
C’est un film un peu rebutant au premier abord : le rythme est lent, les cadrages étouffants, le propos parfois hermétique. Mais si l’on fait l’effort d’y entrer, on est peu à peu pris dans l’ambiance de cet avant-post colonial perdu au bout du monde, de ces personnages écrasés de chaleur et d’ennui ; on entre petit à petit dans la tête du personnage principal alors qu’il perd la raison. La dernière partie, qui voit Zama se lancer à la recherche d’un fantomatique bandit terrorisant la région, évoque Aguirre de Herzog, ou encore Au coeur des ténèbres de Conrad.
Outre des images magnifiques, il y a un travail remarquable sur la bande-son et le hors-champ : tandis que la caméra se concentre sur les visages, on perçoit, on devine tout une vie bruissante et inquiétante.
[No SF] Zama, Lucrecia Martel (2017)
[No SF] Zama, Lucrecia Martel (2017)
Jean-François.
Re: [No SF] Zama, Lucrecia Martel (2017)
Vu il y a quelques jours. Comme l'indique JFS, Zama ne donne rien pour se faire aimer. Longs plans fixes, tenants et aboutissants parfois obscurs, description sans le moindre glamour d'un coin paumé. Pourtant, l'humour est présent (enfin, c'est comme ça que j'ai perçu cette scène où le personnage de Zama converse avec un supérieur pendant qu'un lama se balade dans le bureau — ce qui n'a rien d'absurde : on est à Lama-Land, les portes sont toutes ouvertes, les humains vivent en toute promiscuité avec les bêtes). Et la dernière partie, sans déroger aux principes de réalisation mis en place pendant la première heure, est formidable. (Et : Vicuña Porto, ce nom ! On le croirait tout droit venu de chez Borges ou Bioy Casarès.)
Une expérience.
Une expérience.
Re: [No SF] Zama, Lucrecia Martel (2017)
Un film difficile à cerner, qui déroute constamment notre compréhension des faits pour mieux dire le sentiment de perte ressenti par le personnage principal. Le film se traverse un peu comme un rêve fiévreux, une vague hallucination.
L'ennui peut gagner, en effet, mais il faut regarder jusqu'au bout. La dernière demi-heure est proprement sidérante.
J'ai adoré.
L'ennui peut gagner, en effet, mais il faut regarder jusqu'au bout. La dernière demi-heure est proprement sidérante.
J'ai adoré.
Mundus vult decipi
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