Neonomicon, Alan Moore & Jacen Burrows

[Erwann]

Des agents du FBI visitent l’un de leur ancien collègue interné dans un asile psychiatrique. Deux crimes lui ont été imputés. Depuis, ce dernier, Sax, ne parle plus, mais cela n’empeche pas Lamper et Brears d’enquêter sur cette sombre histoire. De l’univers des dealers de leur ville, aux cercles fermés d’initiés à des rituels sexuels pour le moins étranges, les deux agents sont bien loin d’imaginer ce qui s’est réellement passé…

Neonomicon, comics d'Alan Moore (histoire) et Jacen Burrows (dessins), originellement paru entre juillet 2010 et février 2011, sortira le 25 octobre 2013 chez Urban Comics.
Cthulhu fhtagn.

La fiche du comics (et les premières pages).

[Ceir]

Lu, et c'est un hommage réussi à Lovecraft, à mon goût.
Le choix du style réaliste pour le dessin était risqué ; après avoir lu la BD de Breccia conseillée par Gilles, il est vrai que l'abstrait me paraissait ce qu'il y a de plus raisonnable pour adapter du Lovecraft. Néanmoins, l'ambiance est réussie et Alan Moore s'amuse à forcer sur les aspects manquants à Lovecraft (les femmes et le sexe, notamment).
Et sur la fin, il a une interprétation intéressante de l'oeuvre, que je ne spoilerai pas.

[Thomas Day]

Quand Alan Moore s'éclate avec l'oeuvre de Lovecraft, les gimmicks de ses épigones, etc.
Je me suis bien marré, mais c'est vraiment dans la veine du film Reanimator, pas un hommage sérieux et cérébral.

TD

[Cachou]

Ben aimé aussi, bon petit délire bien contrôlé. Je suis quand même déçue de voir la manière dont le sexe a en partie été amené dans l'univers lovecraftien (parce que bien sûr, il fallait que ce soit comme ça...) mais ce détail (agaçant) mis à part, le reste m'a bien amusée. Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance, je n'avais jamais réussi à terminer une histoire d'Alan Moore avant celle-ci.

[Olivier Girard]

J'ai trouvé ça pour ma part très moyen. Moore fait le métier sans forcer, et s'acoquine une fois encore avec un dessinateur médiocre. Tout à fait dispensable, à mon sens.

[Nébal]

Relu, et, en fait, oui.

Hop : MOORE (Alan) et BURROWS (Jacen), Neonomicon

[Yggdralivre]

Il me semble surtout que le prologue est de qualité, il joue intelligemment sur une forme originale pour rentrer (un peu frontalement mais pas tant que ça) dans la paranoïa de Lovecraft... en revanche l'inversion.réflexion autour de la femme est un point capital, vraiment intéressant (très masculin le monde de Lovecraft pourrait être dynamité, revisité ect par une présence féminine)... mais c'est aussi là où l'album reste en surface. L'idée d'un viol, d'un accouchement, d'une incarnation du mal déchire le voile de la peur fantasmée pour la faire de chair et de sang dans le réel, une bonne idée... si ce n'est qu'elle entraine la participation du monstre (bon l'aspect tératogène tout ça, ok mais bon on est plus dans le trauma) en plein jour, ce qui est déjà peut lovecraftien et surtout expose la femme dans ce qu'elle a de plus utilitariste et fondamentale, son aspect matricielle, or ça fait léger. Lovecraft est labyrinthique, complexe, joue sur les faux-semblants, on se doute mais on n'est jamais certain, le lecteur reste dans la pénombre... alors que là le parti pris "visible" (qui peut être évité, même en bd) rend le tout un peu trop lisible, trop évident, trop "ha oui, c'est une variation lovecraftienne sur une tonalité plus féminine"... bel exercice de style.
De fait, ce n'est pas mauvais mais c'est Moore.

[Léo Henry]

Lovecraft est labyrinthique, complexe, joue sur les faux-semblants, on se doute mais on n'est jamais certain, le lecteur reste dans la pénombre... alors que là le parti pris "visible" (qui peut être évité, même en bd) rend le tout un peu trop lisible, trop évident, trop "ha oui, c'est une variation lovecraftienne sur une tonalité plus féminine"...

J'aime bien cette analyse, et je crois que je suis d'accord sur l'aspect insaisissable de l'horreur lovecaftienne.

Après, ce que fait Moore dans Neonomicon me semble relever d'une utilisation délibérément iconoclaste du mythos. Le cadre de son récit est inspiré des séries télé d'enquête paranormale, type x-files, dont il repend scrupuleusement tous les obligés dans la première partie (visite au témoin fou dans l'asile, tension sexuelle entre les protagonistes, inflitration undercover, etc.) Format très classique qu'il pète en deux au milieu, lorsque surgit la cthulherie. Pour moi c'est super réussi à ce niveau là : montrer que l'horreur lovecraftienne n'est pas soluble dans une narration ordinaire, que l'atrocité cosmique déglingue jusqu'aux structures nos récits de terreur.

Je sais que je suis un peu seul, mais j'attends le même genre de tour de force de son Providence en cours.

Et les Furies de Boras ? Vous avez lu les Furies de Boras ?

[Erwann]

Et les Furies de Boras ? Vous avez lu les Furies de Boras ?

Oui ! Et c'est tout bonnement excellent !

[Yggdralivre]

C'est tout à fait exact sur l'aspect "télévisuel" concernant le découpage de la narration... toutefois, le côté "cliché" m'a paru un peu décevant, j'avais préféré son travail sur top ten (qui utilise également pas mal l'aspect "série"), mais c'est une part de subjectivité.

je ne connais absolument pas "les furies de Boras", mais là... comme ça, au détour d'un topic ça titille l'envie !