Le billet de F. Colin sur le CC

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Fuck You
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Fuck You » 04 novembre 2009 à 15:06

Tyrell a écrit :Dire que l'innovation formelle est annexe en Sf c'est aussi une forme de mépris envers le genre et une façon de la conforter dans un genre adolescent.


Pourquoi ?

Tyrell a écrit :La confrontation avec le monde ne passe pas nécessairement par une approche sociologique, qui de plus, depuis Brunner n'est plus très representée en Sf.


Sans vouloir t'offenser, ce n'est vraiment pas à moi qu'il faut dire ça.

Tyrell a écrit :
Elle ne l'est pas du tout aux yeux de toute personne connaissant un tantinet l'histoire du genre et ces poussées cycliques d'acné littéraire juvénile


"Poussées" qui ont donnée la New wave, Ballard,Zelazny,Ellison,Silverberg,Spinrad ?


Euh… non.

La New Wave accompagnait un processus d 'évolution, voire de révolution sociale.

Là, il n'y a rien derrière, ou rien d'autre qu'un processus de dégradation sociale sans précédent depuis 1945.
Fuck me, Ray Bradury.
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Tyrell
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Tyrell » 04 novembre 2009 à 15:26

Sans vouloir t'offenser, ce n'est vraiment pas à moi qu'il faut dire ça


Pas d'offense du tout.
Mais justement,si je trouve coherent ta defense d'une SF qui aurait besoin pour être appréciée d'un bagage culturel et scientifique souvent absent des amateurs de Litgen,je trouve un peu simpliste de résumer la discussion actuelle en une crise d'acnée juvénile de certains, arguments qui rappellent beaucoup ceux du Campbell de la grande époque concernant la nouvelle génération d'auteurs des années '60 et cadrent mal avec tes penchants pour Spinrad et Brunner.
Non ?

Concernant l'importance ou non de recherches de style dans la SF,les nier reviendrait à effacer une bonne partie de son histoire (et sans doute la meilleure)

Pourrais tu expliciter ton idée de deconstruction sociale et son rôle dans le clivage actuel ainsi que la grande difference avec la new wave ?
Je pense que c'est une question essentielle.
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scifictif
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar scifictif » 04 novembre 2009 à 15:42

P'tite parenthèse, pour en revenir au problème plus prosaïque de l' "indulgence coupable" (dixit Gilles) et de l'immodération critique pointée par Fabrice Colin. Je vous propose, si vous le voulez bien, une petite étude de cas, et en l'occurence un contre-exemple.
Hormis ashrack (modéré), clems (beaucoup moins) et moi (encore moins), personne n'a commenté ici la nouvelle de Lucas Moreno parue dans le Bifrost 55. Entre mon ressenti, et l'apparente indifférence pour ce texte, il y a un fossé que je m'explique mal.
Cette nouvelle m'a foutu une baffe monumentale et en lire une critique dythirambique ne m'aurait ni choqué ni paru indécemment complaisant.
Y aurait-il une âme charitable parmi vous pour m'expliquer en quoi ce texte n'a rien de remarquable, rien qui le distingue suffisamment de la production courante pour au moins susciter l'intérêt ? *
Questions plus générales : pour être pertinent, un critique doit-il nécessairement brider son enthousiasme ou simplement être blasé ? La distance, ça s'acquiert ou c'est une posture ?
Merci d'avance.

* Aucune ironie dans la question .

P.S : condoléances à Thierry. Je m'explique mieux le spleen de ses posts récents.
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Pierre-Paul Durastanti » 04 novembre 2009 à 15:48

Tyrell a écrit :C'est un peu vite oublier ce que ces "New waveux" ont apportés à la SF au milieu des années '60.


J'aurais dû dire "nouvellevagueux", je pensais à leur pendant français, tel que représenté dans le Fiction du début des années 70, les anthos Dédale, etc.

Par ailleurs, ce n'est jamais un discours critique qui change la SF, mais toujours une masse critique de textes novateurs. Le processus est cyclique, mais il n'est que rarement, je crois, provoqué. Aux Etats-Unis, on le voit à l'oeuvre pendant la Seconde guerre mondiale (l'école Campbell, qui représentait alors une véritable avancée), lors de la création de Galaxy et F&SF au début des années cinquante, au milieu des années 60 avec le boulot de Cele Goldsmith, Damon Knight et Harlan Ellison entre autres, au milieu des années 70 avec l'irruption de gens comme Varley et Martin, plus tard avec les cyberpunks, etc.

Autrement dit, que les auteurs français mal dans leur peau écrivent des textes au lieu, encore une fois, de produire des manifestes.

Tyrell a écrit :En outre,depuis cette période, deux phénomènes conjoints ont légerement changé la donne, d'une part la litterature " Blanche" a assimilé la part la plus novatrice des idées et perceptions SF, d'autre part la SF s'est retranchée de plus en plus dans son pré carré,abandonnant souvent innovation formelle et confrontation avec le monde.


Je suis bien navré, mais je ne vois pas en quoi des écrivains comme, parmi mes préférés, DeLillo, McCarthy, Murakami ou Millhauser ont assimilé les plus novatrices des idées et perceptions SF. Je ne vois pas non plus en quoi cela modifierait la qualité de leurs bouquins.

En outre, à mons sens, tout ceci respire quand même furieusement l'envie d'un Landerneau pour happy few. Je crois pour ma part que la SF la plus mature est porteuse d'un questionnement du monde que l'innovation formelle telle que pratiquée en France a toujours eu tendance à masquer, et que mettre les deux démarches sur un pied d'égalité consiste à se tirer dans le pied en question.
Je rêve sur le bord du monde et de la nuit. (…) Qui est là? Ah très bien : faites entrer l’infini. -- Louis Aragon
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Tyrell » 04 novembre 2009 à 16:14

mais je ne vois pas en quoi des écrivains comme, parmi mes préférés, DeLillo, McCarthy, Murakami ou Millhauser ont assimilé les plus novatrices des idées et perceptions SF. Je ne vois pas non plus en quoi cela modifierait la qualité de leurs bouquins.


Disons alors qu'ils se sont mis à traiter des sujets,ou à explorer des formes romanesques,qui avant eux etaient plutôt l'apanage de la SF ou du polar,ce qui a coïncidé dans le même temps avec un amoindrissement des risques pris par les ecrivains du genre.

telle que pratiquée en France

Précision importante et vraie.
T. Di R.

Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar T. Di R. » 04 novembre 2009 à 16:28

scifictif a écrit :P.S : condoléances à Thierry. Je m'explique mieux le spleen de ses posts récents.


Spleen sûrement, mais qui n'a en rien influencé tous mes propos tenus dans ce fil et que j'assume pleinement.
C'est peut-être évident pour tout le monde, mais ça va quand même mieux en le disant.
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar M » 04 novembre 2009 à 16:39

Clément a écrit :Tous les autres qui lisent de tout, dont notamment de la SF, mais sans se soucier de l'étiquette qu'on colle sur les livres mais pour leur qualité. Évidemment, cette dernière catégorie est sous-représentée sur les forums que nous fréquentons (précisément parce que les étiquettes ne les intéressent pas).


Je me reconnais dans ce type de lecteur là. Je suis venu à la lecture via la SF et la fantasy mais rapidement j'ai lu (et lis toujours) d'autres types de littératures. Ce qui a accentué mon attirance vers la SF car certains genres m'ont déplu (pas fan du thriller ou du polar par exemple). Après tu m'amènes un polar en me disant "c'est le bouquin de l'année, je le lis" sans me soucier que je n'apprécie guère les polars d'habitudes.

Par contre je ne reconnais pas les lecteurs que tu décris dans la "génération Colin" puisque c'est ces lecteurs qui justement ont élargi mes horizons littéraires.

Désolé pour la digression, je laisse Tyrell, Fuck You et Pierre-Paul reprendre leur discussion (j'avoue ne pas tout comprendre d'ailleurs).

@ Thierry : Sincères condoléances, c'est toujours une épreuve dure et pénible à traversée.
"Sauvez un arbre, mangez un castor"
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar ubikD » 04 novembre 2009 à 17:12

Je cède la parole à James Morrow.
Ce qui m'attire dans la SF, c'est la liberté qu'elle permet. Quand vous écrivez de la SF, on vous donne cette merveilleuse trousse à outils pleine de gadgets en tous genres qui sont parfaits pour servir les projets d'un satiriste : robots, voyages dans le temps, clonage... c'est une techno-corne d'abondance.
Le monde de la SF m'a donné un lectorat, une communauté d'esprit, plusieurs prix, et une passable imitation de salaire - et je lui serai toujours reconnaissant de tous ces cadeaux. mais, oui, je grimace devant l'étiquette SF, parce que de toute évidence, cela limite l'étendue de mon lectorat. Aux Etats-Unis, la plupart des lecteurs de "littérature générale" préféreraient mourir plutôt que d'être pris à examiner le rayon SF d'une librairie. Ils y perdent, évidemment. On trouve la qualité si on la cherche.

Extrait de Galaxies, n°31

La qualité, je la trouve chez Lucius Shepard, Joe R. Lansdale, Michael Chabon, Michel Pagel, Lorris Murail, Jérôme Noirez, Catherine Dufour, Elizabeth Hand, Paul Di Fillipo et bien d'autres. Je ne regarde même plus les étiquettes.

PS : Et la nouvelle de Lucas Moreno qui est effectivement vertigineuse.
Modifié en dernier par ubikD le 04 novembre 2009 à 17:18, modifié 1 fois.
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar rmd » 04 novembre 2009 à 17:16

Dans mes bras ubik!
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Thomas Day » 04 novembre 2009 à 18:02

(En toute franchise je ne tenais pas à réagir ; mais bon peut-être que ma réaction aura un sens pour quelques uns d'entre vous.)

Dans les genres qui nous intéressent, les auteurs écrivent ce qu'ils veulent (pour des raisons commerciales et/ou de goût)
Dans les genres qui nous intéressent, les éditeurs publient ce qu'ils veulent (pour des raisons commerciales et/ou de goût)
Dans les genres qui nous intéressent, les lecteurs lisent ce qu'ils ont envie de lire (et sont parfois trompés par la critique / les quatrième de couverture / voire les couvertures. Donc trompés par le critique, l'éditeur et/ou l'auteur).

Si j'avais reçu un euro chaque fois qu'on m'avait reproché de ne pas publier assez de « vraie » SF, j'habiterais une grande villa à Clamart et j'emmènerais plus souvent ma petite famille en vacances. Sauf que je n'ai jamais promis qu'il n'y aurait que de la vraie SF dans Lunes d'encre. Jamais.

Je suis assez surpris de l'agitation qui touche actuellement le milieu et en fin de compte je ne remarque qu'une chose : quand on publie de la vraie bonne SF (l'intégrale raisonnée des nouvelles de Greg Egan, par exemple), cette vraie bonne SF se vend moins que La Route de Cormac McCarhty, Le Club des policiers Yiddish de Michael Chabon, Kafka sur le rivage de Haruki Murakami. Vous me direz : "ces auteurs sont plus connus" ; mais justement cet argument ne me convainc pas, on voit chaque année des premier romans d'inconnus devenir des best-sellers.

Je lis toute la théorie qui est étalée ça et là, entre élans métaphysique et « moi je veux pouvoir continuer à écrire des histoires d'astroguerrières à gros nichons »... et, mon avis étant très proche de celui de Pierre-Paul Durastanti, je n'en retire qu'une longue question.

Est-ce que la crispation à laquelle on assiste (qui a en fin de compte assez peu de rapport avec l'article de Fabrice Colin, puisqu'elle est bien antérieure à la publication dudit article, je me souviens en avoir parlé avec Olivier Girard bien avant les Utopiales), est-ce que cette crispation n'est pas avant tout d'ordre économique... plutôt qu'un problème de théorie littéraire ; est-ce que face aux constats
- Greg Egan devrait se vendre à 30 000 ex, il se vend à 3000
- Cormac McCarthy produit une énième version du Nuage pourpre et vend 150 000 ex
est-ce que ces deux cas de figure, ne nourrissent pas involontairement un réflexe de jalousie du genre « Alors on y est ? C'est ça ? Aujourd'hui, pour vendre des tas de bouquins de SF il ne faut SURTOUT PAS faire partie du sérail ? Monde de merde ! » ?

GD

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