Fiction n°12

[ubikD]

Comme c'est l'été (méthode Coué, histoire de faire revenir le beau temps), je lis Fiction.

Cela commence plutôt pas mal avec une nouvelle de Nnedi Okorafor. Delta du Niger, futur. Rien de neuf sous le soleil, le pays reste la pompe à pétrole des Etats-Unis. Les autochtones se contentent de clopinettes et se débrouillent comme ils peuvent, en siphonnant les pipelines. Pour stopper le coulage, les pouvoirs publics autorisent les compagnies pétrolières à user de droïdes, petites merveilles technologiques juchés sur huit pattes ultravéloces. Avec des arguments parfois léthaux, les bébêtes découragent les trafics et autres attentats. Voilà pour le contexte. L'intrigue se focalise sur la relation inattendue qui se noue entre une femme battue et un de ces droïdes, relation facilitée par leur goût partagé pour la musique. Bon, rien de bouleversant. Un air de déjà-vu mais une jolie ambiance même si la fin reste ultra-convenue.

On continue avec un texte de Paolo Bacigalupi, la sensation du moment outre-Atlantique. Au début, ça technoblablate beaucoup, mais peu à peu se dessine un futur n'étant pas sans rappeler celui de Millenium de John Varley (c'est du moins l'effet que j'ai ressenti). Un monde hostile à la vie, pollué, usé jusqu'à la trame par la surexploitation, et pourtant encore habité. Autant dire tout de suite que les hommes n'ont plus grand chose d'humain. Génétiquement modifiés, ils se nourrissent de terre ou de sable et passent le temps à se couper les membres (qui repoussent) ou à fragger dans des jeux virtuels. J'avoue que j'ai été soufflé par cette évocation du futur. Par l'histoire aussi. On s'attache à un trio de soldats, à la solde d'une compagnie minière. Chargé de traquer les intrus sur la concession, il tombe sur un chien en maraude. Un vrai. Impossible ! Et pourtant... Que faire du bestiau ? Je ne dis rien.

Vite fait, je passe sur le texte de Lisa Goldstein (pas pu rentrer dedans).

Poursuivons avec Jeanne-A Debats, la sensation francophone du moment. Bon, comment dire. On est dans le registre de la pochade, ça gouaille à tout va, mais c'est quand même bien lourdingue. L'histoire ? En vrac, on a un vampire, des créatures dégénérées de la féerie, une Titania obèse, ça n'a ni queue ni tête et je me suis emmerdé, ferme. Who's next ? (rendez-moi Marc Behm)

Robert Reed. Du lourd et du bon, en général. Bon, c'est raté. C'est court et carrément ringard. Le dénouement m'a arraché un ricanement poussif.

To be continued...

[Thomas Day]

Pour le moment, ta critique rejoint beaucoup la mienne (d'ailleurs j'en profite pour demander pardon, j'ai mis Fiction N°11, au lieu de 12 dans la rubrique idoine, je serai fouetté par le boss début aôut...)

TD

[ubikD]

Je continue.

Je trouve le milieu de la revue très moyen.

Le texte de Steven Popkes commence comme une chronique familiale avant de s'orienter vers une intrigue rappelant celle du Chant des leucocytes de Greg Bear. Titillé au départ, j'ai vite rendu les armes. Il n'y a pas une once d'émotion dans ce texte. Pourtant, c'était le but, non ?

Ce n'est guère mieux avec la nouvelle de James Patrick Kelly qui décrit un monde curieux. Bonne ambiance, mais je n'ai pas capté grand chose. Un truc en rapport avec la foi, je crois.

Deuxième auteur francophone de l'étape, Sara Doke fait dans la légende arthurienne. Mouais. Je n'ai pas adhéré au traitement, trop extérieur. En fait, moi aussi, je suis resté dehors. Et puis, "l'enfant ceci, l'enfant cela". Au bout d'une certain temps, ça m'a gavé.

Inconnu au bataillon (en ce qui me concerne), Eugene Mirabelli fait dans le recyclage en mêlant physique quantique, Flatland et Jasper Fforde. J'exagère ? Un type projeté dans un monde parallèle en 2D s'inspirant des catalogues et romans qu'il a lu, ça ressemble un peu à tout ça... Bref, aucune originalité. Et en plus, c'est foutraque.

A suivre...

[ubikD]

Je termine mon compte-rendu.

Bonne surprise avec Economancien de Carolyn Ives Gilman. Un jeune diplômé de la London School of Economics répond à une offre d'emploi alléchante outre-mer. Aussitôt débarqué en Nanomésie, paradis fiscal off-shore, il découvre les arcanes de la finance internationale. Du moins, dans leur acception nanomésienne, une sorte de magie vaudoue. Fraicheur, humour et inventivité, je me suis beaucoup amusé en lisant cette nouvelle.

Hélas, j'ai immédiatement repiqué du nez avec Daryl Gregory. Je n'ai toujours pas compris l'intérêt de ce "machin".

Adaptogénie de Wayne Wightman commence tout doucement avant de s'achever sur le génocide de l'espèce humaine. Entretemps, il est question d'évolution et d'adaptation ultra-rapide des insectes qui se mettent littéralement à tout dévorer. Bon, je ne suis pas du tout convaincu. Sur un sujet semblable, Jacques Spitz était quand même beaucoup plus grinçant et réjouissant. Là, c'est juste banal.

Et j'arrive au texte illisible de la revue. Putain, je me suis pourtant forcé, mais cette nouvelle de Yoon Ha Lee est un véritable remède contre la lecture.

Reste David Marusek. Il est question dans sa nouvelle d'une organisation secrète, élaborant un plan compliqué pour faire téléphoner Ben Laden et ainsi le localiser pour que... "justice soit faite..." On se trouve dans un registre rappelant Les chèvres du Pentagone, mais en moins déjanté, j'ai trouvé. Histoire de donner un avis, je vais dire distrayant, mais sans plus.

Au final, la douzième livraison de Fiction ne me laissera pas un souvenir impérissable, en-dehors des textes de Paolo Bacigalupi (je suis impatient de lire son roman pour le coup), de Carolyn Ives Gilman et peut-être aussi David Marusek.

[christian]

Paolo Bacigalupi, la sensation du moment outre-Atlantique.
...
Jeanne-A Debats, la sensation francophone du moment.

Heu... non, rien...

(sourire)

[ubikD]

Tu crois que j'ai mauvais esprit ?

[scifictif]

Bon, visiblement ce n'est pas le n° le plus abouti celui-ci.
Lirai tout ça à la rentrée.


p.s : j'ai vu que dans la prochaine livraison de Fiction on aurait droit à une nouvelle de Matheson (père) qui s'est visiblement pas mal remis à l'écriture depuis 2008 (une vingtaine de nouvelles quand même).
De quoi faire pour un dossier consacré au monsieur dans Bifrost (comment ? De quoi j'me mêle ? Mmm).

[Thomas Geha]

p.s : j'ai vu que dans la prochaine livraison de Fiction on aurait droit à une nouvelle de Matheson (père) qui s'est visiblement pas mal remis à l'écriture depuis 2008 (une vingtaine de nouvelles quand même).

Oui. The Window of Time. Un beau texte, à la thématique classique (presque simakienne), très tendre, émouvant.

[Don Pedro]

Tu crois que j'ai mauvais esprit ?

Personnellement j'aime beaucoup ton style Ubik.

[scifictif]

Et j'arrive au texte illisible de la revue. Putain, je me suis pourtant forcé, mais cette nouvelle de Yoon Ha Lee est un véritable remède contre la lecture.

Pareil.
Mais pas pour le même texte, non.
Pour "L'enfant sans nom" de Sarah Doke.
Deux jours (si si) pour ingérer ce grumeau de 25 malheureuses pages.
Un cauchemar.

En comparaison, tout ce qui a suivi m'a paru chouette.