Moi, Cheeta, James Lever

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Erwann
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Moi, Cheeta, James Lever

Messagepar Erwann » 10 mars 2015 à 15:04

« J’ai plus appris mon métier
dans les bars qu’avec la douzaine de dresseurs de la MGM et de la RKO. »
Quand Cheeta prend la plume pour raconter ses mémoires, il est le plus vieil animal de cinéma vivant (76 ans et des poussières…) : pensionnaire d’une maison de retraite de luxe à Palm Springs (Californie), il a entamé une carrière de peintre abstrait, mais n’a rien oublié de son enfance dans la jungle africaine ni de sa carrière à Hollywood.
Devenu une star dès le premier Tarzan (1934), Cheeta porte un regard caustique et sans concession sur Hollywood, dont il va rendre compte des moindres travers. Ses années de gloire, les potins des stars, les studios et leurs mœurs dissolues, son addiction à l’alcool ou à la drogue (sa première banane lui rappelle a posteriori sa première dose de cocaïne). Drôle, léger, rythmé, divertissant, c’est le Hollywood Babylon de Kenneth Anger vu par un singe.
Cette saga est aussi le récit d’une « ascension sociale », avec son lot d’amertumes, de cruautés et d’humiliations, subies par un enfant perdu qui restera toujours un parvenu (troublant parallèle entre le singe et l’acteur Weissmuller, unis par une amitié quasi amoureuse !) L’auteur de cette fresque caustique sur les rapports hommes-animaux, dans la lignée de Vercors (Les Animaux dénaturés) ou de Roy Lewis (Pourquoi j’ai mangé mon père) parvient même à faire oublier qu’il s’agit des paroles d’un singe !

Moi, Cheeta, autobiographie fictive de James Lever (un pseudonyme, semble-t-il), sort en ce mois de mars au Nouvel Attila.

La fiche du livre.
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JFS
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Re: Moi, Cheeta, James Lever

Messagepar JFS » 04 août 2015 à 18:08

Excellent livre. Cette fausse biographie, où il est parfois difficile de deviner ce qui relève de l'histoire d'Hollywood et ce qui a été inventé, voire fantasmé, par l'auteur, a trois grandes qualités.
C'est d'abord une peinture drôle et plutôt féroce des moeurs hollywoodiennes (et, à travers elles, de l'humanité dans son ensemble) décrites par un singe qui a lu autant Stanislvaski que Konrad Lorenz. C'est ensuite une évocation de l'industrie du cinéma et des méthodes de tournage dans les années 30 et 40. Enfin, c'est une très belle histoire d'amour entre l'"acteur" Cheeta et Johnny Weismuller, avec une fin particulièrement touchante.
Ceux qui ne sont pas encore convaincus peuvent aller écouter l'émission de Mauvais genres qui lui a été consacrée.

Après cette lecture, j'ai commencé à revoir les différents Tarzan de cette époque, et je suis au moins d'accord sur un point avec James Lever : la vraie vedette, c'est bien Cheeta !
Jean-François.

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