Messagepar Nébal » 05 mai 2017 à 13:14
Lu...
Spafameux.
En fait j'ai eu l'impression d'une anthologie réalisée sans vraie... implication ?
Je suppose que deux textes peuvent en être sauvés (sans être des chefs-d’œuvre, hein, mais ils tournent bien) : la brève nouvelle de Morgane Caussarieu sur les chats qui rêvent - peut-être la seule, aussi étonnant que cela puisse paraître avec un postulat pareil, où il y a bien une forme d'angoisse palpable et quelque chose de presque... dépressif qui me paraît coller avec une (parmi d'autres) perception des Contrées du Rêve (pour le côté "baroque", personne n'y arrive de toute façon) ; et celle de Laurent Poujois, efficace et bien conçue dans son registre plus pulp et faisant la balance entre Contrées du Rêve et Monde de l'Eveil - impression persistante de déjà-lu, mais sans que ça soit rédhibitoire.
(Je suis peut-être bon public, là.)
Il y a un cas particulier que je ne sais pas bien juger : le long poème (?!) de Timothée Rey, dont je ne prétendrai (vraiment) pas qu'il brille au plan poétique, avec ses rimes délibérément improbables et son lexique de pointe qui vire, paf, d'un seul coup, au familier voire à l'argot, mais il a au moins le mérite d'être amusant.
Peut-être aussi Neil Jomunsi en "correct" - au moins le thème n'est pas inintéressant. La forme, je suis plus sceptique.
Le reste... La nouvelle de Fabien Clavel m'a évoqué un scénar de jeu de rôle fait (un peu trop) sur le pouce avec des tables aléatoires : y a des trucs chouettes dedans, mais au final l'agencement n'est pas très convaincant (et les gimmicks "stylistiques" parfaitement inutiles, ben, du coup...) : arrivé au bout, on a passé le temps, ouais, mais, euh. Sylvie Miller et Philippe Ward, une brève nouvelle qui se serait sans doute bien passé du contexte lovecraftien, avec un cadre inexploité, un Nyarlathotep grotesque et un Randolph Carter qui l'est autant - délibérément, j'espère, mais, euh... Raphaël Granier de Cassagnac, un spin-off de ses textes sur Kadath dont je n'ai rien retenu, hélas. Alex Nikolavitch, un périple dans la logique des rêves/cauchemars, ça sent bien un peu "La Clé d'argent", oui, sauf que c'est d'un ennui mortel (vous me direz...). Vincent Tassy fait un temps (presque) illusion dans un registre mi-pulp mi grandiloquent-gogoth qui aurait pu être à propos, mais le lexique chatoyant qui sonne faux est problématique... encore que pas au point de la conclusion, proprement ridicule. David Calvo, dans ses trois pages à base de chats, livre des jolies phrases, mais, euh...
Et, euh, "Randolph Carter" ? Un catalogue non exhaustif de citations de Lovecraft et/ou de broderie sur ses procédés... Sur une cinquantaine de pages, c'est de loin le plus long texte du recueil... J'en ai conclu au moins une chose : aucun des (autres) auteurs de cette anthologie, en définitive, n'a vraiment sonné "Contrées du Rêve", pas comme ça en tout cas (peut-être un tout petit peu Laurent Poujois, voire Vincent Tassy à condition de faire abstraction de pas mal de choses, ou Alex Nikolavitch mais en se dopant au café si c'est votre truc), sans que je puisse affirmer que c'est vraiment problématique, même si bon ; par contre, j'ai été très tenté de penser... qu'on se foutait un peu de ma gueule, quand même.
Déconseillé, donc.
« Tout ce que j’ai écrit, je l’ai d’abord rêvé. »