UCHIDA Hyakken - Au-delà - Entrée triomphale dans Port-Arthur

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UCHIDA Hyakken - Au-delà - Entrée triomphale dans Port-Arthur

Messagepar Nébal » 16 septembre 2017 à 16:14

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« J’ai comme l’impression que je ne mourrai pas de sitôt. »

En 1922, Uchida Hyakken publie sa première œuvre, Au-delà, un recueil de nouvelles qui révolutionne l’approche du fantastique. L’année suivante, le grand tremblement de terre de Tôkyô détruit la quasi-totalité des exemplaires existants. Hyakken se lance alors dans l’écriture d’une autre série sur le même principe. Onze ans plus tard, il achève Entrée triomphale dans Port-Arthur.

Histoires de femmes et histoires d’argent, sentiment de culpabilité et peur de la folie, le tout abordé avec un sens de l’humour et du pathétique qui fait de l’auteur l’égal de Kafka : chaque nouvelle, introduite in medias res, s’achève de même par un léger sursaut qui est rarement une véritable chute. On imagine plutôt le réveil en sueur du narrateur. Prises toutes ensemble, ces nouvelles composent une peinture des enfers.

À la fois bonhomme et intransigeant, Uchida Hyakken (1889-1971) fut le disciple de Natsume Sôseki et l’ami d’Akutagawa Ryûnosuke. Mishima le plaçait au tout premier rang : « S’il faut nommer un seul véritable stylisticien de la langue japonaise, le nom d’Uchida Hyakken s’impose. »


Lu Au-delà - Entrée triomphale dans Port-Arthur, d'Uchida Hyakken (le professeur du Madadayo de Kurosawa Akira), double recueil de nouvelles fantastiques publié en 1922 et 1934. 47 (!) nouvelles, la plupart très courtes il est vrai (entre 2 et 4 pages), même s'il y a de longues exceptions en tête du second recueil.

Pour l'essentiel, il s'agit de rêves, pris comme tels (en marche, sans vraie chute, etc.), mais d'une belle plume qui change tout. Certains de ces récits (car il s'agit quand même de récits) visent à l'effroi, d'autres au rire, les meilleurs aux deux en même temps.

En cela, mais en d'autres choses aussi, je suppose qu'on peut dire que Hyakken a quelque chose de Kafka, sans exagération.

D'autres nouvelles, plus "conventionnelles", explorent avec non moins de brio d'autres approches, et notamment la folie qui guette dans les nouvelles les plus longues (en tête, "Chapeau melon", qui est un chef-d’œuvre). On peut relever d'autres titres, comme "Kudan", réjouissante satire de la superstition figurant une sorte de "minotaure inversé", mais l'on croise ailleurs fantômes et doppelgängers...

Noter aussi que l'ensemble comprend de vivants tableaux du Japon de Taishô... ainsi que de sa scène littéraire, avec des allusions à Sôseki, le maître, et à Akutagawa, l'ami et rival, à côté desquelles je serais sans doute passé, n'était les commentaires très bienvenus du traducteur Patrick Honnoré.

Mieux vaut picorer (sous peine d'overdose ?), mais, avec cette précaution en tête, l'ensemble est admirable, un régal du début à la fin.
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Re: UCHIDA Hyakken - Au-delà - Entrée triomphale dans Port-Arthur

Messagepar Nébal » 26 avril 2018 à 14:54

Une version beaucoup plus détaillée de ma chronique dans Bifrost : http://nebalestuncon.over-blog.com/2017 ... akken.html

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