L'installation de la peur - Rui Zink

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Le chien critique
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L'installation de la peur - Rui Zink

Messagepar Le chien critique » 09 mars 2018 à 11:45

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Rui Zink, Agullo, 2016, 192 p., 10€ epub sans DRM

Une fable politique théâtrale orwello-kafkaïenne. Étonnant, intelligent, mordant, mais pari à moitié réussi.

Présentation de l'éditeur :
La sonnette retentit dans l’appartement d’une femme vivant seule avec un enfant. Ignorant qui se trouve derrière la porte, la femme, méfiante, décide de cacher son enfant dans la salle de bains avant d’aller ouvrir. Sur le perron se trouvent deux agents du gouvernement qui l’informent de leur mission : la mise en application de la directive n° 359/13 exigeant l’installation de la peur dans chaque foyer. Faisant irruption violemment dans le salon, les deux visiteurs se lancent dans une inquiétante performance : tour à tour, ils haranguent la pauvre femme, dressant un tableau horrifique des maux de notre temps. Dans leur discours halluciné, tout y passe : crise, épidémies, catastrophes naturelles, misère sociale, guerre et torture, terrorisme... Ils agrémentent leur diatribe d’histoires effrayantes jouant sur les peurs primales de l’homme (peur de l’autre, de la maladie, de la folie...), qu’ils mettent en scène pour un effet d’épouvante maximum. Petit à petit, ils installent ainsi une violence sourde dans la pièce, entraînant la femme – et le lecteur – dans leur délire paranoïaque. Mission accomplie? Pas sûr. La peur a une vie propre, et ses ravages peuvent parfois se montrer inattendus...


Mon ressenti :
Des chapitres courts, très courts qui donnent un sentiment d'urgence devant ces deux "ouvriers" venus installé la peur dans la maison d'une femme. L'Etat a voté la directive n° 359/1, refuser son installation a de fâcheuses conséquences.
Un huis clos paranoïaque et satirique qui se résume à un C'est quoi cette peur ? La tension est présente, palpable, un sentiment de malaise s'installe peu à peu. Et si ces deux hurluberlus n'étaient pas ce qu'ils disent être ?
On passe du rire gras au rire amer, du théâtre de boulevard à la comédie dramatique, de l'ironie au cynisme, de la farce politique à la critique sociale. Une première parti très réussie, tout en allégorie sur la situation portugaise lors de la crise. L'auteur élargit le propos qui devient dès lors universel. Ou comment devient on un citoyen mouton ?

Puis, une fois la réponse connue, nous sommes dans les travers réguliers des romans à message : trop appuyé, trop démonstratif, trop rhétorique, trop didactique. Mon intérêt s'envole. Malgré sa brièveté, et la clarté dans la mise en page, c'est long, très long. Seule la toute fin m'a sorti de ma léthargie.

A trop vouloir être compréhensif dans son allégorie, l'auteur passe de l'angoisse de cette situation ubuesque à une simple peur.
Vraiment dommage, car ce livre pourrait plaire à beaucoup de monde, tout en faisant réfléchir.

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