Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

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Aldaran
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Aldaran » 12 juillet 2018 à 19:54

Erwann a écrit :
Aldaran a écrit :Cela demande à être développé, selon moi.
Qu'est-ce qu'une trajectoire hors du commun ? Une trajectoire qui force le respect ? Qui rend le personnage abject ? Entre les deux ?

Une trajectoire hors du commun, c'est une trajectoire qui n'est pas… commune.
Dans le cas Dantec, je pense (du peu que j'en ai lu, du peu que j'en sais) que lonesome synthétise bien (cf. plus haut) : des fulgurances côté littéraire + un côté idéologique plus que douteux. Donc une trajectoire pas commune. Donc hors du commun ;-)

On en revient à ce que j'exprimais : dire « on peut penser ce qu'on veut de lui, sa trajectoire reste hors du commun » ne veut pas dire grand chose.
Vous voulez un point Godwind ? Il existe des tas de trajectoires hors du commun.
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Laurent Queyssi
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Laurent Queyssi » 13 juillet 2018 à 10:59

Erwann a écrit :Une trajectoire hors du commun, c'est une trajectoire qui n'est pas… commune.
Dans le cas Dantec, je pense (du peu que j'en ai lu, du peu que j'en sais) que lonesome synthétise bien (cf. plus haut) : des fulgurances côté littéraire + un côté idéologique plus que douteux. Donc une trajectoire pas commune. Donc hors du commun ;-)


Voilà, Erwann a tout dit.
Et Aldaran peut faire semblant de ne pas comprendre, c'est pas grave.
Il y a sans doute d'autres trajectoires hors du commun, mais cette bio ambitionne de raconter celle de Dantec.
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Laurent Queyssi
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Laurent Queyssi » 13 juillet 2018 à 11:05

lonesome a écrit :C'est une simple bio, pas la moindre esquisse de réflexion sur le bonhomme et ses écrits ? Parce qu'il y a marqué essai dans la présentation du livre.

Après les bio à l'américaine il faut s'en méfier aussi. Croire que savoir ce que l'auteur a mangé le 12 juillet 1987 permettra d'en comprendre l'histoire cela m'a toujours semblé superflu et excessif.
J'ai souvenir d'une bio de Pollock gros pavé lu pour le boulot et qui à force d'en détailler la vie du peintre en oubliait complètement l’œuvre et au final rendait l'artiste encore plus insaisissable.


Il y a bien des esquisses de réflexion sur l'oeuvre, en effet. Mais ça ne vole pas bien haut.

J'aime les biographies très détaillées, moi. Dans celle-ci, l'auteur se met en scène, dit "je", abandonne des pistes et le dit sciemment. Il me semble qu'il ne cherche pas à aller vraiment au fond des choses. Et il l'avoue, d'ailleurs, il me semble, entre les lignes.
Bref, pas convaincant à mes yeux. Même si j'ai appris des choses sur la vie du bonhomme (je ne suis pas un spécialiste), je ressors aussi un peu frustré de la lecture, parce qu'il y avait matière à faire mieux, je pense.
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Albumine Tagada » 13 juillet 2018 à 11:54

Je vois le genre. Typique des hybrides bio/essais à la française qui, en voulant faire "œuvre", finissent par passer à côté du sujet. (C'est un peu la différence entre "Invasions Divines" de Sutin et "Je suis vivant et vous êtes morts" de Carrère, même si Carrère a du talent et réussit son coup de manière oblique, comme Houellebecq avec Lovecraft dans son "Contre le monde, contre la vie").
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Laurent Queyssi » 13 juillet 2018 à 12:03

C'est ça et c'est pire à la fois.
Je signale que je déteste le bouquin de Carrère, non pas pour ce qu'il est (après tout, un roman inspiré de la vie de Dick, pourquoi pas?), mais pour ce qu'il prétend être : une biographie de l'auteur. J'ai fait des tas de recherches pour ma propre bio de Dick (achetez-la, c'est super, paraît-il) et j'ai halluciné en voyant le nombre d'erreurs et surtout d'inventions pure et simples de Carrère. Pour faire court, j'ai l'impression qu'il a pris le manuscrit d'Anne Dick (encore inédit à l'époque) et qu'il y a rajouté ce qu'il imaginait plus "spectaculaire". Du coup, en présentant son livre comme une bio de Dick, on donne une fausse image de l'auteur (qui n'a pas besoin de ça, tellement il est déjà compliqué).

Bref.

Mais, non, la bio de Dantec, c'est différent. Ca n'invente pas (je ne pense pas, en tout cas), mais ça effleure trop le sujet. Le mec n'a pas le niveau de Carrère, tout de même.

Au final, le Carrère est sans doute mieux (1000 fois mieux écris en tout cas), malgré la malhonnêteté inhérente du truc. On passe sans doute un meilleur moment à sa lecture. Tu as raison, Carrère réussit "un" coup. Mais pas une biographie de Dick, en tout cas.
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Aldaran » 13 juillet 2018 à 12:07

Laurent Queyssi a écrit :Et Aldaran peut faire semblant de ne pas comprendre, c'est pas grave.

Rien n'est grave.
Mais s'il y a un truc que je ne sais pas faire, c'est « semblant ».
En revanche, ne pas comprendre des choses, ça m'arrive assez souvent.
Et je cherche donc à comprendre lorsque c'est le cas. Parfois sans y parvenir, comme ici.
Ce qui n'est pas bien grave, effectivement.
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Laurent Queyssi » 13 juillet 2018 à 12:16

J'essaie de résumer (vraiment à la machette), tu me dis:
Dantec, fils de coco, post-punk, bosse dans la pub, devient auteur de polar cyber, nouvelle star de la SF en France, problèmes personnels, émigre aux Canada, devient catho (limite tradi) et néo con. Le tout pendant que son écriture se complexifie et que ses ventes baissent (à mesure que sa consommation de drogue augmente). Pour moi, c'est un sacré parcours (et plus intéressant, à mes yeux, que ce qu'en fait, au final, cette biographie).
Hors du commun ou pas, puisque le débat porte sur cette expression, je t'en laisse juge. Mais ça reste, pour moi, une vie bien plus singulière que beaucoup de ses contemporains.
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Albumine Tagada » 13 juillet 2018 à 13:31

Laurent Queyssi a écrit :Au final, le Carrère est sans doute mieux (1000 fois mieux écris en tout cas), malgré la malhonnêteté inhérente du truc. On passe sans doute un meilleur moment à sa lecture. Tu as raison, Carrère réussit "un" coup. Mais pas une biographie de Dick, en tout cas.

Ah mais clairement. Carrère fait du Carrère, au service de Carrère, et fait de Dick une sorte de freak schizoïde bien peu raccord avec la complexité du gars. Comme tu dis, il a pris les anecdotes les plus extrêmes et les a érigées en modèles (je me rappelle d'une séquence avec un flingue bien peu vraisemblable, que Sutin ne mentionne à aucun moment, je crois). Houellebecq fait la même avec sa "bio" de Lovecraft, qui reprend - même avec talent et poésie - le mythe du reclus pour faire rentrer HPL dans le moule des obsessions houellebecquiennes.

Et d'accord pour Dantec/méta-Momo. Malgré le côté puant de son virage néo-con/mystico-bloyen, il a quand même réussi à rencontrer le grand public avec des livres de genre hybrides, ardus et jusqu'alors impensables en France hors du landernau SF (je pense surtout aux Racines du Mal et à Villa Vortex). Un peu comme si un Jouanne ou un Barberi étaient devenus des best-sellers, quoi.
Et puis il citait Dick à tour de bras, au début, à une époque où l'auteur n'était pas aussi célébré qu'aujourdhui. Ce qui suffisait à me le rendre sympathique (oui, je suis faible, je sais^^).
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Aldaran » 13 juillet 2018 à 13:42

Oui, c'est l'expression que je ne comprenais pas.
Ce qui le distingue du « commun », Dantec, c'est surtout qu'on parle de lui comme on l'a fait.
Et je comprends que l'on parle de certains de ses romans dans ces termes mais... de lui ?
Pour moi, Les Racines du mal restera indétrônable et pour le coup, à mes yeux, hors du commun.
J'ai toujours eu du mal à voir les auteurs (ou artistes) appréciés pour ce qu'ils sont
(parfois même physiquement) plutôt que pour leur œuvre.
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Re: Maurice G. Dantec – prodiges & outrances, Hubert Artus

Messagepar Laurent Queyssi » 13 juillet 2018 à 14:24

Albumine Tagada a écrit :Ah mais clairement. Carrère fait du Carrère, au service de Carrère, et fait de Dick une sorte de freak schizoïde bien peu raccord avec la complexité du gars. Comme tu dis, il a pris les anecdotes les plus extrêmes et les a érigées en modèles (je me rappelle d'une séquence avec un flingue bien peu vraisemblable, que Sutin ne mentionne à aucun moment, je crois). Houellebecq fait la même avec sa "bio" de Lovecraft, qui reprend - même avec talent et poésie - le mythe du reclus pour faire rentrer HPL dans le moule des obsessions houellebecquiennes.
.


Le coup du flingue est vrai. Anne le raconte dans son livre, mais elle dit qu'elle est partie sur le champ. Je reprends d'ailleurs l'anecdote dans ma bio. Dans le livre de Carrère, Anne et sa fille restent manger du bacon ensuite chez Phil tandis que Grania Davis est cachée dans un placard.
Carrère mélange deux anecdotes qui n'ont vraiment rien à voir. (Anne a bien but un thé avec LES enfants pendant que Grania était cachée dans le placard, mais des semaines plus tôt). Je doute que ce soit par ignorance (ou alors il a vraiment mal fait son boulot), mais plutôt pour aller dans le sens de sa théorie de la versatilité de Dick, de sa folie, de l'incompréhension qu'il suscite.
Du mauvais taf.

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