La trilogie de la vengeance, Park Chan-Wook

[Thomas Day]

1/ Old Boy (2003)
2/ Sympathy for Mister Vengeance (2002)
3/ Sympathy for Lady Vengeance (2005)

1/ Un homme enfermé pendant quinze ans, sans qu'il sache pourquoi, s'échappe et part à la recherche de la vérité.
2/ Un frère sourd muet, ouvrier, financièrement impuissant face à l'agonie de sa sœur, décide de vendre un de ses reins. Escroqué, acculé, il réalise un kidnapping qui tourne mal. L'enfant meurt et le père décide de se venger.
3/ Une fille-mère piégée par un kidnappeur fait de la prison à sa place. Une fois libérée, celle qui est devenue une sainte durant son incarcération se transforme en vengeresse.

Old Boy est le plus brutal et le plus connu ; Sympathy for Mister Vengeance est le plus lent et le plus ancré dans le quotidien ; Sympathy for Lady Vengeance (sorte d'apothéose) est le plus audacieux en termes de mise en scène, mais aussi le plus profond (la réflexion sur la vengeance est y poussée beaucoup plus loin que dans les deux autres, lors des scènes finales).

Si Old Boy et Sympathy for Lady Vengeance sont l'un comme l'autre des sommets, Sympathy for Mister Vengeance lui, pêche, par un rythme trop lent, ce que n'arrange pas une mise en scène en retrait comparée aux deux autres, inoubliables. Malgré ses défauts, son faux-rythme, Sympathy for Mister Vengeance reste un film d'un très bon niveau avec des scènes marquantes et des thèmes traités de façon oblique (la violence dans le monde du travail, l'arrogance et le sentiment d'impunité qui va de pair avec la réussite professionnelle, le handicap). Sympathy for Lady Vengeance surprend lui par sa liberté de ton : on passe sans cesse de l'humour (noir) à la tragédie, certains plans sont complètement déconnectés de la réalité, il y a une scène onirique de mise à mort très étrange et un fantôme. Il y a aussi des détails incroyables comme le design du pistolet à armement manuel qu'utilise Geum-Ja.

Le tout forme une trilogie thématique à voir absolument tant les films se répondent (motif du kidnapping, du don d'organe, des parents privés de leur enfant par la mort ou une adoption imposée). Commencer par Sympathy for mister Vengeance serait dommage, je l'ai donc mis arbitrairement en deuxième position, et on ne peut que finir avec Geum-Ja.

TD

[Thomas Geha]

Et les OST sont toutes superbes. Elles participent pour moi beaucoup au succès narratif des films.
Utiliser Vivaldi pour une scène de torture dentaire, par exemple, c'était plutôt audacieux.

[JFS]

Je n'ai vu que Sympathy for Mister Vengeance, qui m'a convaincu d'éviter les autres films de cet auteur. Si la réalisation n'est pas en cause (je n'ai d'ailleurs pas trouvé de problèmes de rythme à ce film), il y a une certaine complaisance dans la représentation de la violence qui me met mal à l'aise. Ce n'est pas la violence ou la torture en soi qui me gênent (tant que c'est appliqué aux autres, sinon je suis extrêmement douillet), mais l'impression que Park Chan-Wook en montre plus que nécessaire, que certaines scènes sont vraiment gratuites, et sans apporter la respiration d'une certaine prise de distance (comme par exemple dans J'ai rencontré le diable, pour rester dans l'hémoglobine coréenne, où le côté outré de quelques passages se rapproche d'une forme d'humour).

[Xavier Maumejean]

Sympathy for Lady vengeance est superbe. Difficilement soutenable (j'ai un réel problème dès lors que l'on s'en prend à des enfants) mais qui (re)pose la question de la justice indépendamment de sa définition politique. En-deçà d'une certaine façon d'une structure politique moderne. Comme si elle parvenait à recréer un communautarisme primitif, de l'ordre de l'animal. Animal doué de raison, mais animal quand même.

[Razheem L'insensé]

La trilogie est un sommet du genre. Seul Sympathy for Mister Vengeance est en retrait dans les trois, par son rythme très (trop) lent.

[Herbefol]

Vu que Old Boy, avec la superbe scène de scrolling façon jeu vidéo, mais je compte bien voir les deux autres un jour ou l'autre, histoire de ne pas mourir ignorant des bonnes choses.

[Don Pedro]

Sympathy for Lady Vengeance (sorte d'apothéose) est le plus audacieux en termes de mise en scène,

TD

C'est-à-dire ? On reste sur notre faim.

[Thomas Day]

C'est bon pour la ligne...

TD

[Don Pedro]

C'est bon pour la ligne...

TD

ah... comme quoi l'humour peut sauver un homme.

[Thomas Day]

Je signale la parution (le 12 octobre dernier) d'un coffret Blu Ray regroupant les trois films.
Je vais en profiter pour tout revoir dans l'ordre choisi par le réalisateur : Sympathy for Mr Vengeance, Old Boy, Lady Vengeance.

TD