True Detective - HBO

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Thomas Day
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Re: True Detective - HBO

Messagepar Thomas Day » 15 juillet 2014 à 08:17

Fini.

ATTENTION SPOILERS

True detective n'est pas une série comme les autres, joli euphémisme, elle m'a renversé (si si), agacé (souvent), révolté (une fois ou deux), déçu (à la fin).

Ce que j'ai trouvé extraordinaire : la photo, le sens du "repérage", les lieux, cette Louisiane moite et dangereuse. Le générique de début. Globalement toute l'esthétique de la série.

Ce que j'ai trouvé très bien : les acteurs dans leur ensemble, avec une mention particulière pour Matthew McConaughey.

Ce qui m'a agacé : surtout le scénario, tout est écrit ou presque pour faire ressortir le personnage de Cohle et c'est évidemment à lui que revient le mot de la fin. Résultat, je trouve ce personnage trop écrit (surécrit) vis à vis du reste, et je trouve que ça déséquilibre la mécanique narrative. Les choix de scénario sont bizarres, on ne saura rien ou presque de la relation de Cohle avec la jolie femme médecin, alors qu'on suit tout le parcours sexuelosentimental de Hart.

Ce qui m'a agacé (suite) : les scènes auxquelles je ne crois pas, je pense à toute la scène avec les bikers puis dans le "ghetto", je marche pas, c'est du sous End of watch.

Ce qui m'a révolté : Carcosa, Le roi en jaune. "Super, génial", je me suis dit au début. Et au final, ils n'en font rien, pire, ils piétinent cette mythologie à pieds joints.

Contrairement à la plupart des autres téléspectateurs, je trouve le dernier épisode très réussi, avec sa pointe de grotesque. ET, surtout, Cohle qui tombe deux fois de son piédestal : 1/ il avait rencontré le tueur en 95 et avait alors déjà presque toutes les cartes en main, 2/ il tombe dans le piège du spirituel (son discours final), piège qu'il avait essayé pendant toute la série/sa vie d'éviter (le paradoxe du crucifix dans sa chambre et du discours qu'il tient à Hart quand celui-ci voit ledit crucifix ; puis plus tard le discours sur la religion et ce qui ont la foi). Cohle (qui est si fort, rappelons-le) interprète de façon faible les messages électriques de son cerveau proche de l'anoxie. Ça c'est bien, j'ai trouvé ça eganien en un sens (Orbites instables dans la sphère des illusions), quand on frôle la mort on se raccroche à n'importe quoi pour donner un sens à la mort (sens qu'elle n'a pas, bien évidemment). La religion est un sentiment océanique, chez Cohle la foi est "cosmique".

Au final : déçu, parce que ça aurait pu être autrement plus formidable.

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Re: True Detective - HBO

Messagepar Sigis » 06 août 2014 à 11:44

Et pendant ce temps, on parle d'Elizabeth Moss (la flic de Top of the Lake) pour l'un des rôles titres de la saison 2 (une bonne nouvelle, mais pas sûr que ça suffise à faire oublier Colin Farrell).
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Re: True Detective - HBO

Messagepar Erwann » 10 avril 2015 à 09:12

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Re: True Detective - HBO

Messagepar Léo Henry » 22 juin 2015 à 14:56

Le générique de la saison 2. Leonard Cohen, quand même. L'équipe de graphistes a l'air d'être la même. Sans surprise c'est très joli.
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Thomas Day
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Re: True Detective - HBO

Messagepar Thomas Day » 17 août 2015 à 16:10

Il y a beaucoup à dire sur cette saison 2.
(Attention spoilers, même si j'évite d'en faire trop.)

Comme dans la première saison, un soin énorme a été porté à l'écriture des personnages (on est d'ailleurs à la limite de la surécriture, mais ça passe). Tous les acteurs sont formidables, même Colin Farrell, mais tous se font dévorer par le félin à contre-emploi Vince Vaughn, car ce True Detective S2 c'est plutôt True Mobster ou The Return of the gangster. On retiendra aussi comme autre personnage emblématique, fort réussi, la fliquette incarnée par Rachel McAdams, à la fois torturée (du minou, principalement) et radieuse.
Si les personnages sont bien écrits, ils sont malheureusement au service d'une histoire (sans grand intérêt) de magouille immobilière mêlée de parties fines (bon, autant l'annoncer d'emblée True Detective saison 2 ne parle quasiment que de sexe, et le plus souvent de manière oblique, détournée et parfois un peu vaseuse). Cette histoire faiblarde (qui lorgne sans cesse vers le David Lynch de Mulholland Drive sans y sombrer) s'efface devant sa conséquence principale : Frank Seymon (Vince Vaughn) qui voulait se ranger des voitures via une juteuse affaire immobilière reprend du service dans les jeux clandestins, les putes et la drogue, forcé de replonger pour maintenir son confort de nouveau riche. Sans doute, parce qu'un truand ne peut concevoir de perdre ses avantages acquis, même par amour pour la sublime Jordan (Kelly Reilly) qui se fout d'avoir une audi à 80 000$ mais échoue à faire passer le message. Derrière cet accroc dans le plan de carrière, apparaît finement une mutation de la lutte des classes : cette lutte n'a jamais cessé d'exister, bien au contraire, elle a juste changé de visage. Land of opportunity ? Sans aucun doute, mais pas pour tout le monde.
La métaphysique de True Detective S01 a cédé la place à une phrase définitive entendue dans le 7e épisode "Everything is fucking", tout nous ramène à la baise (ou à sa finalité parfois négligée, la procréation et la transmission).
De la S01 à la S02, le vertige esthétique n'est plus au rendez-vous : filmer cinquante noeuds autoroutiers en Californie n'a pas le même impact que la nature sauvage et moite de Louisiane, ou la vision d'une femme nue assassinée, agenouillée, coiffée des bois d'un cerf. L'image de la saison 2 est plus granuleuse, plus polluée.
True Detective 1 macérait dans la sueur et le vacarme naturel du bayou, la saison 2 se charge de pollution et de poussière. La sécheresse s'oppose aux marécages.
Via le biais classique d'une histoire de corruption autour d'un marché de construction, la série explore un authentique territoire politique (celui de la ville imaginaire et surpolluée de Vinci) et donne quelques coups de burin au American Way of Life. True Detective saison 2 est un "drame du profit" comme l'était There Will Be Blood, où l'entrepreneuriat par trop déconnecté de la vie quotidienne mène à la folie. Où chaque personnage mène sa quête : l'un veut retrouver son fils qui symbolise son innocence, l'autre veut devenir un prince car il vient du prolétariat, l'une veut le bonheur, et le dernier un cliché, celui de la petite famille américaine idéale. Toutes ces quêtes semblent vouées à l'échec et étrangement toutes nous touchent, surtout celle de Vaughn qui se verrait bien roi du pétrole en terre étrangère. Pour gagner : je ne peux que fuir un pays que j'ai aidé à détruire, un rêve (land of opportunity) que j'ai perverti.

Ratée, décevante, parfois convenue, cette seconde saison de True Détective est aussi par fragments passionnante, implacable, terriblement bien vue. Son arête centrale : le meurtre de Ben Caspere s'efface trop vite sous le poids des personnages impliqués... mais en contre-partie ces personnages finissent par nous toucher.

J'y ai vu (comme pour la saison 1) une tentative de réécriture de la grammaire usuelle de la série policière, où l'enquête devient rapidement moins intéressantes que les thèmes qu'elle soulève. Navigant entre ambition et prétention (si, quand même un peu), cette seconde saison vaut le coup d’œil, malgré tous ses défauts.

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Re: True Detective - HBO

Messagepar Razheem L'insensé » 25 février 2019 à 15:31

Et donc, en 2019, place à la saison 3 !
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Re: True Detective - HBO

Messagepar Thomas Day » 20 avril 2020 à 11:49

Mon avis sur la saison 3...

Et d'autres trucs (la saison 2 de Preacher, le "drame policier" chinois Black coal).

TD

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