[Thriller] La piel que habito, Pedro Almodóvar (2011)

[Thomas Day]

La fiche IMDB

Chirurgien et spécialiste de la peau, Robert Ledgard (Antonio Banderas, plutôt convaincant) séquestre dans son immense clinique des environs de Tolède, une jeune femme qu'il observe nuit et jour. Vera (Elena Anaya), sa création, sa créature...

Je n'avais pas aimé le roman de Thierry Jonquet, Mygale, et ma foi j'ai trouvé le film plutôt intéressant, même s'il est extrêmement roublard et au final manipulateur.
Sur le simple plan scénaristique, le film ne marche pas parce que la transformation de Vera est chirurgicalement impossible (cette partie du film est "en quelque sorte" de la science-fiction, puisqu'on y voit une science de pointe à l’œuvre) ; on peut alors essayer de considérer le film comme une parabole, mais une fois encore à ce niveau ça ne fonctionne pas, Almodóvar préférant le mélodramatique au sens.
Ce qui est le plus intéressant peut-être dans La piel que habito ce sont les fausses pistes, au début, les ruptures de ton, entre comédie et rape and revenge volontiers complaisant. Une fois qu'Almodóvar a grillé sa principale cartouche et nous a révélé qui est réellement Vera, le film devient un petit thriller pervers sans grand suspens.
Almodóvar qui expose frontalement la dimension sexuelle de son intrigue (le film regorge de scènes de sexe/viol ou juste à caractère sexuel) semble lorgner vers le cinéma pervers du De Palma de Pulsions/Obsession/Body Double, mais avec une exubérance espagnole "typique".
La piel que habito a parfois des allures d'étrange résurgence du cinéma des années 70 / début des années 80. On salue l'audace de cette intrigue perverse/adulte, tout en étant conscient qu'au jour d'aujourd'hui c'est le cinéma coréen qui habite le mieux cette niche, avec (la masse aidant) davantage de réussite.

TD

[John Shooter]

Film assez curieux, se laissant regarder, mais qui m'avait laissé perplexe. Voire dubitatif.
Probablement, comme le dit Thomas Day, parce qu'une fois la révélation acquise, il ne reste plus grand chose à attendre (après, j'avoue, je ne suis pas fan du cinéma d'Almodovar).
J'aurais tendance à ranger ce film aux côtés de Boxing Helena ou autres pygmalionneries de ce genre.

[Yggdralivre]

(bon j'ai apprécié le livre peut-être que cela fausse mon opinion)
j'ai vraiment eu l'impression qu'almodovar c'était trompé de film, qu'il était entré par erreur sur le plateau d'un cronenberg et qu'il avait dû faire avec les moyens du bord.
ce n'est pas un "mauvais" film (ni même une "mauvaise" adaptation, après tout il fait un peu ce qu'il veut) mais l'intrigue me semble bâclée... enfin plutôt traitée sur un mode "ce n'est pas l'intrigue qui importe, je le sais, tu le sais aussi spectateur, alors ne la laissons pas s'immiscer entre-nous et regardons le sens profond de cette histoire", et ce "sens profond" (pas forcément un "message" mais une esthétique, une idée, une volonté de déranger le bon goût et le bon ordre etc) il devait avoir rendez-vous dans le studio d'à côté.