Un western SF du sertão, par le plus grand réalisateur brésilien du moment (et sans doute un des meilleurs réals au monde).
Il ne faut pas trop en dire, parce qu'un des génies de Mendonça Filho est sa façon de mettre en place les choses, de communiquer, de retenir les informations. Ca se passe dans un tout petit village de l'intérieur du Penambouc après quelques années de Bolsonaro. L'élu du coin détourne l'eau potable a ses profits, une prime a été mise sur la tête de la hors-la-loi locale & l'aïeule de la communauté vient de mourir, prétexte à réunion et libations. Le lendemain, gueule de bois, les habitants découvrent que Bacurau a disparu des cartes.
Après les très maîtrisés et cérébraux (et à mon sens incontournables) Les Bruits de Recife et Aquarius, Bacurau est une surprise sanguinolente. Je suppose que c'est dû à Juliano Dornelles, qui coupe la came de Filho à la série B et au mauvais genre. Le western, ici, lorgne vers Leone et Peckinpah, les films de guerre du Vietnam. Il y a à la fois le grand cinoche de genre états-unien et plein de choses locales, le quilombo, les bandits psychopathes du sertão, le réalisme magique. C'est un film d'action sur le commun, sur la résistance, la question de la violence. C'est abusé et marrant, très tendu par moment. Udo Kier y joue Udo Kier à la perfection.
Un film important, politiquement, pour le Brésil et l'histoire de son cinéma. Le contraire d'un film consensuel et de bon goût. Allez-y.
Bacurau, Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles (2019)
Re: Bacurau, Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles (2019)
Au bout de 4 semaines d'exploitation, il a fait 500 000 entrées au Brésil, ce qui n'a rien de normal pour le marché local.
(Une des conséquences de la suppression du ministère de la culture par Bolsonaro en janvier dernier fait que les artistes eux-mêmes sont devenus les porte-paroles officiels de la culture locale. Pas sûr que ce soit un bon troc pour le président élu, au vu de l'aura qu'ont gagné le film & ses réals de part le monde.)
(Une des conséquences de la suppression du ministère de la culture par Bolsonaro en janvier dernier fait que les artistes eux-mêmes sont devenus les porte-paroles officiels de la culture locale. Pas sûr que ce soit un bon troc pour le président élu, au vu de l'aura qu'ont gagné le film & ses réals de part le monde.)
Re: Bacurau, Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles (2019)
Dans les commentaires, un spectateur résume assez bien : "c'est Glauber Rocha, Tarantino & Carpenter mélangé".
Re: Bacurau, Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles (2019)
Celui là j'ai vraiment envi de le voir...
Le Sertao et par extension le Nordeste est, de tradition, une terre rustre où la pauvreté et l'austérité mais aussi la main mise gouvernementale et le centralisme ont conduit sa population à l'exil ou la révolte; que l'on pense à l'immense Hautes Terres de Euclides da Cunha sur la guerre des Canudos (histoire reprise ensuite par Vargas Lorca dans La guerre de la fin du Monde).
Que ce film là se situe au Sertao n'est évidemment pas un hasard et a aux yeux des brésiliens une connotation politique plus qu'explicite.
Le Sertao et par extension le Nordeste est, de tradition, une terre rustre où la pauvreté et l'austérité mais aussi la main mise gouvernementale et le centralisme ont conduit sa population à l'exil ou la révolte; que l'on pense à l'immense Hautes Terres de Euclides da Cunha sur la guerre des Canudos (histoire reprise ensuite par Vargas Lorca dans La guerre de la fin du Monde).
Que ce film là se situe au Sertao n'est évidemment pas un hasard et a aux yeux des brésiliens une connotation politique plus qu'explicite.
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