Fuck You a écrit :Bon, je me suis un peu promené sur divers sites et forums dont je ne donnerai ni les noms ni les URL. On dirait bien que le livre soit la nouvelle frontière du partage de fichiers. Là, d'après ce que j'ai vu, c'est en train de démarrer, mais j'aurais tendance à penser que ça va s'accélérer très rapidement.
Les joyeux pirates qui ont numérisé et mis en ligne les Poul Anderson n'est pas difficile à repérer dans ce petit monde, et ils se proclament eux-mêmes le numéro 1 de l'e-book ou un truc analogue. J'aurais tendance à penser que le besoin de frimer est leur principale motivation et que la philosophie du partage ne leur sert que de justification. Donc ils ne seront a priori pas accessibles à des arguments rationnels ; je veux dire que ça ne sert sans doute à rien de leur expliquer qu'ils feraient mieux de consacrer autant d'énergie à la numérisation de textes épuisés et introuvables plutôt qu'à celle de textes qui sont encore disponibles*.
Je répète donc ce que j'ai déjà dit plus haut : à mon sens, la meilleure chose à faire consiste à proposer une offre numérique légale. Bien sûr, les fichiers se retrouveront en partage, ça on n'y peut rien, mais c'est nettement moins valorisant de balancer en partage une œuvre déjà disponible sous forme numérique qu'un bouquin qu'on a numérisé soi-même.
Un autre argument en faveur d'une offre légale la plus vaste possible est de nature technique**. Parce qu'il est nécessaire de faire un peu de nettoyage quand on a employé un logiciel OCR, et que la qualité dudit nettoyage n'est nullement garantie dans le cas d'un fichier piraté à partir d'un livre papier. On court donc le risque de voir circuler des versions de qualité inférieure des livres en question, sans oublier que personne ne garantit que le texte n'a pas été modifié en cours de route. Et une version dégradée d'un texte, ce n'est bon pour personne, ni pour l'auteur, ni pour l'éditeur, ni pour les lecteurs***.
Rappelez-vous : une fois que c'est sur la mule, c'est fichu, la version altérée continuera à se balader dans les entrailles du réseau. Et s'il n'y a que cette version de disponible, c'est celle-là qui va se répandre.
Un texte, c'est beaucoup plus facile à altérer qu'un morceau de musique. Et il peut suffire de pas grand-chose pour en changer le sens****.
* Les livres rares seront piratés quand tout le catalogue "récent" aura été pillé. C'est ce qui s'est passé avec la musique.
** Et on fait comment lorsque l'éditeur propose le même pourcentage que pour le papier? Moi, pour la Série Noire, j'ai refusé. Et le serpent se mord la queue. Une offre décente, tu en parlais dans un précédent message, c'est une offre raisonnable, financièrement. On en est loin.
*** La perfection de l'OCR, ce n'est qu'une question de mois. Patrice pourrait nous en parler mieux, je pense.
Ou alors, les éditeurs choisissent volontairement des qualités de papiers au contraste fond/encre difficile; ce pourrait être une piste pour limiter la casse.
**** C'est ce qui me fait peur depuis le début. Sans parler des plagiats, des vols de paragraphes entiers, qui seront d'une facilité déconcertante (simple copier/coller). Un pdf altéré - partiellement réécrit par de petits plaisantins -, passe encore. Cela ne peut que servir la version "officielle" papier - celle qui fera foi. Le plagiat et le vol, que pourra-t-on faire?
Il y a quelques mois, j'ai vécu cela avec un lecteur, sur un forum, qui, à titre de contribution "personnelle" dans un fil dédié aux créations littéraires des membres, s'était contenté de reprendre des paragraphes entiers d'un de mes romans... Véridique. Les modérateurs du site ne me croyaient pas l'auteur véritable du livre. "Prouvez-le nous." Je me suis fâché, et dans le doute, ils ont préféré retirer la contribution.
J'ai contacté par messagerie privé le plagiaire. Cela ne le faisait pas plus tousser que ça. Il ne s'estimait pas en faute, mais jugeait qu'il rendait hommage à mon travail. Véridique aussi...
Demain, avec le copier/coller depuis un fichier pdf jusqu'à une zone de saisie d'un forum ou d'un blog ou de tout autre support, que se passera-t-il?