Chimères de fer dans la clarté lunaire - Virgine Augustin [Conan]

[Thomas Day]

Sans doute parce qu'il rejoint pleinement la construction mentale que je me fais du personnage de Conan, j'ai trouvé cet album très réussi.

TD

[DNDM]

Adaptation plutôt réussie, je confirme.
Dans la même série d'adaptations en cours de parution chez Glénat, on trouve du bon et du moins bon. "Les Clous Rouges" et "Au-delà de la rivière noire" sont très bons (les nouvelles de base sont apparemment considérées comme les meilleures de Howard).
Et il y a aussi "La Fille du Géant du Gel", par Robin Recht, qui étoffe pas mal le matériau de base (la nouvelle originelle est très courte), s'en écarte parfois un peu, mais est, en tant qu'album de BD, absolument fantastique.
A noter, les premières éditions comprennent un cahier explicatif de 3 pages par Patrice Louinet, spécialiste de l'oeuvre de Howard, et souvent ces trois pages sont les plus intéressantes de l'ouvrage. Même les histoires de Conan mal boutiquées ou les adaptations discutables acquièrent de l'intérêt quand Patrice Louinet remet tout en contexte.

[Weirdaholic]

A noter, les premières éditions comprennent un cahier explicatif de 3 pages par Patrice Louinet, spécialiste de l'oeuvre de Howard, et souvent ces trois pages sont les lus intéressantes de l'ouvrage. Même les histoires de Conan mal boutiquée ou les adaptations discutables acquièrent de l'intérêt quand Patrice Louinet remet tout en contexte.

Hi, hi, j'ai lu seulement les 3 premiers tomes de la série, mais j'avais un peu la même impression... C'était de la bonne BD, mais pas forcément révolutionnaire (ce n'est pas le but, me direz-vous).

Pourtant l'un d'eux était dessiné par Ronan Toulhoat et scénarisé par Vincent Brugeas, qui excellent dans les univers médiévaux (voir le récent Ira Dei, mais surtout Le Roy des ribauds, sans doute leur meilleure série).

Il faudra que j'essaye le tome fait par Virginie Augustin...

Sinon, même si j'ai calé au début de Berserk (j'ai tort, je sais, il faudra que je réessaye un jour), je pense qu'un dessinateur comme Kentaro Miura aurait parfaitement traité Conan.

[DNDM]

j'ai lu seulement les 3 premiers tomes de la série, mais j'avais un peu la même impression... C'était de la bonne BD, mais pas forcément révolutionnaire (ce n'est pas le but, me direz-vous).

Non, clairement pas révolutionnaire. On est dans une opération marketing "sortons une intégrale de Conan en BD, avec des auteurs et dessinateurs différents pour chaque album, et visons les collectionneurs".

Ca a des bons côtés (proposer une vision de Conan par d'autres artistes) mais le postulat de base est très bancale:

- une nouvelle très courte comme "La fille du géant du gel" (3 pages) et un roman comme "L'heure du dragon" (400 pages) sont traitées en quasiment le même nombre de pages en BD (80 pages contre 88). Au final, si "la Fille du géant du Gel" est une BD assez différentes de la nouvelle (il a notamment fallu étoffer largement l'aventure) mais que je trouve excellente, "L'heure du Dragon" en BD est un gloubiboulga de lieux et de personnages qui se succèdent sans qu'on y comprenne grand chose.

- comme c'est une intégrale, de facto on y retrouve aussi le pire de Howard, ou des histoires qui parfois sont très redondantes (Le début du "l'Heure du Dragon" reprend largement "La citadelle écarlate", "Les clous rouges", "Xuthal la crépusculaire" et "Chimères de fer suivent le même schéma de base "Conan + 1 fille arrivent dans un lieu étrange et hostile"...)

Je parle plus en détails ici des différents tomes, pour ceux que ça intéresse: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/le-cycle-de-conan-r-e-howard/#post-168440

[Weirdaholic]

Et il y a aussi "La Fille du Géant du Gel", par Robin Recht, qui étoffe pas mal le matériau de base (la nouvelle originelle est très courte), s'en écarte parfois un peu, mais est, en tant qu'album de BD, absolument fantastique.

Alors j'ai repris la série dans l'objectif de parvenir jusqu'au Virginie Augustin (oui, je sais, les volumes sont indépendants, mais j'aime bien lire dans l'ordre ^_^), et j'ai compris pourquoi je n'étais pas allé plus loin...

Je n'ai rien à redire au travail graphique de Robin Recht sur La Fille du géant du gel (à part qu'il tire un peu à la ligne, mais ce n'est pas surprenant, comme il adapte une nouvelle) ; par contre, côté scénario, hum.

De base, l'intrigue de La Fille du géant du gel est typique de ces légendes arthuriennes où un personnage vit une aventure merveilleuse, pense avoir rêvé puis, grâce à un objet sorti du rêve, découvre qu'il n'en est rien (je m'étonne d'ailleurs que Patrice Louinet, qui fait du bon boulot en effet, ne cite pas cette influence évidente dans sa postface), sauf que les caractères n'ont rien d'arthuriens...

Je n'ai rien contre l'outrance, les personnages féminins sadiques (j'ai lu Le Jardin des supplices de Mirbeau) et les personnages masculins brutaux (même si j'ai décroché de la série, je reconnais que le Guts de Kentaro Miura est un grand personnage) ; il faut juste que ça ne soit pas gratuit, et là, à mon sens, dans La Fille du géant du gel , ça l'est, au point de frôler le ridicule (la scène où la déesse se masturbe pendant que Conan se noie).

Autrement dit, il manque pour moi à La Fille du géant du gel le recul que, d'après Thomas Day, Virginie Augustin apportait à son adaptation de Chimères de fer dans la clarté lunaire (que j'ai d'autant plus envie de lire, du coup).

[Weirdaholic]

J'ai enfin lu Chimères de fer dans la clarté lunaire, qui est effectivement beaucoup plus subtil que La Fille du géant du gel :

Virginie Augustin réussit le tour de force d’en faire une excellente BD, avec très peu de dialogues, elle nous donne le point de vue d’une femme, Olivia, sur le personnage de Conan. Et étonnamment, via un sous-texte très habile, une façon crue et assez inattendue de mettre en scène les violences faites aux femmes, cette BD devient une sorte de commentaire sur le rôle des femmes dans les récits commerciaux des années 30, en particulier,, mais aussi en fantasy plus généralement.

J'ajouterai que Conan n'est pas, contrairement à d'autres adaptations, le plus grand de tous les personnages - ses deux adversaires principaux dans la BD le dépassent d'une tête. Ca n'a l'air de rien, mais ça contribue il me semble à relativiser l'omnipotence de Conan (ça et les mauvaises décisions qu'il prend, parce qu'il n'écoute pas Olivia ^_^).

En prime les fameuses chimères de fer du titre valent le détour, et il y a aussi une forme de réflexion "ethnologique" :

Conan est un idéal celte, il pose l’éternelle question de qui est le plus civilisé : l’homme soi-disant civilisé ou le barbare, qui est le plus noble, le moins vil, le plus franc.

J'ai juste un peu tiqué sur l'usage de Laurent Voulzy dans une case, mais on va dire que c'est la dose d'humour nécessaire à toute BD...

[Albumine Tagada]

Jamais je n'aurais cru devoir un jour associer Conan et Laurent Voulzy dans un même espace mental, surtout au saut du lit. Résultat : Conan Voulzy, chanteur sensible itinérant qui te massacre la tronche à coups de guitare sèche si tu l'emmerdes et qui finira n°1 du Crom 50 (mais ceci est une autre histoire). Bon, je me recouche^^

[Weirdaholic]

Jamais je n'aurais cru devoir un jour associer Conan et Laurent Voulzy dans un même espace mental, surtout au saut du lit. Résultat : Conan Voulzy, chanteur sensible itinérant qui te massacre la tronche à coups de guitare sèche si tu l'emmerdes et qui finira n°1 du Crom 50 (mais ceci est une autre histoire).

Méfie-toi, Glénat va te contacter pour te demander un scénario, à ce rythme... ^_^