L'Inversion de Polyphème, de Serge Lehman

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Re: L'Inversion de Polyphème, de Serge Lehman

Messagepar Erwann » 14 avril 2025 à 11:11

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Jérémy Bernède célèbre la novella de Serge Lehman dans le Midi-Libre du 13 avril 2025.
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Re: L'Inversion de Polyphème, de Serge Lehman

Messagepar JDB » 16 avril 2025 à 01:52

Bref article de François Rahier sur le site de Sud-Ouest.
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
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Re: L'Inversion de Polyphème, de Serge Lehman

Messagepar Erwann » 22 avril 2025 à 12:31

JDB a écrit :Bref article de François Rahier sur le site de Sud-Ouest.
JDB

Article hélas réservé aux abonnés, mais qui dit ceci :
très beau conte initiatique, où l’on n’est jamais loin du Corps de Stephen King
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Re: L'Inversion de Polyphème, de Serge Lehman

Messagepar JDB » 22 avril 2025 à 13:34

Erwann a écrit :
JDB a écrit :Bref article de François Rahier sur le site de Sud-Ouest.
JDB

Article hélas réservé aux abonnés, mais qui dit ceci :
très beau conte initiatique, où l’on n’est jamais loin du Corps de Stephen King

Ah bon? Pourtant je peux le lire sans problème alors que je ne suis pas abonné. Peut-être parce que je suis toujours en "fenêtre privée" quand je consulte la presse, afin d'éviter les cookies.
Quoi qu'il en soit, le voici dans sa totalité:
On connaît la boutade de Peter Graham, vieille gloire du fandom : « L’âge d’or de la science-fiction, c’est treize ans. »
Militant de la cause, Serge Lehman sait bien que ce n’est pas vrai : tout commence à treize ans peut-être, mais ce qui surgit à l’improviste un soir d’été peut vous laisser métamorphosé à jamais.
Ce beau conte initiatique, où l’on n’est jamais très loin du « Corps » de Stephen King, raconte les dernières vacances d’été de quatre préados réunis par une amitié fusionnelle et un même goût pour l’aventure et les terrains vagues. Un jour, le surnaturel impose son évidence. Mais ce qui aurait pu être une banale histoire d’ovni s’arrête au bord du non-dit, en une manière de transfiguration biblique : de quoi cet éphèbe rayonnant est-il le nom ?

Ce court roman avait été publié initialement dans la revue « Bifrost » en 1997.

Romancier, essayiste, scénariste, Serge Lehman est aussi un auteur de BD récompensé à Angoulême par le prix René-Goscinny 2025 pour « Les Navigateurs ».

« L’Inversion de Polyphème » de Serge Lehman, éd. Le Bélial, 105 p., 9,90 €.

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"Passablement rincé", qu'il dit.
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Re: L'Inversion de Polyphème, de Serge Lehman

Messagepar Blanzat » 24 avril 2025 à 16:17

Chronique très intéressante et précise de Weirdaholic.
J'ai rencontré néanmoins un problème avec le "platonisme assumé". Il est peut-être question de platonicisme, bien que Serge s'attache davantage à des questions aristotéliciennes quand cela touche aux métaphores (cf L'Art du Vertige).
S'il est question du monde des idées, je ne pense pas qu'il suive le parcourt de sortie de la caverne. Au contraire, il démonte l'idée reçue d'un sens unique. Platon considère le donné sensible comme un reflet des idées. Les images, dessinées ou écrites, sont alors des reflets de reflets. Il ne faut pas oublier que Platon rejette les poètes de sa cité idéale.
Ce que propose Serge est un retour au fond de la caverne pour en explorer les parois, jusqu'à trouver une brèche vers un ailleurs. C'est la vieille lutte du logos contre le muthos, un antagonisme à l'œuvre parfois en SF (Hard science vs physique des métaphores, Campbell vs Bester).
Il n'y a pas forcément un camp à choisir, mais je constate une tendance consciente ou non chez certaines auteurs à vouloir passer pour savants, que ce soit en physique, en chimie, astronomie, ingénierie, et même en sciences sociales. Des membres de Notre Club sont d'authentiques "sachants" qui apportent un crédit précieux à nos récits, et aux leurs, mais un écrivain n'est pas que ça.
Il n'est pas un simple metteur en scène de logos, comme Platon mettait en dialogues sa philosophie. Lui-même a eu recours au mythe quand le discours de la raison atteignait ses propres limites.
L'art ouvre à quelque chose de plus grand, plus intangible, mais plus facile à partager. Un espace symbolique, un ailleurs accessible à tous.
La noosphère brille d'une lumière différente du soleil des Idées.
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Re: L'Inversion de Polyphème, de Serge Lehman

Messagepar Weirdaholic » 24 avril 2025 à 22:11

Blanzat a écrit :Chronique très intéressante et précise de Weirdaholic.
J'ai rencontré néanmoins un problème avec le "platonisme assumé". Il est peut-être question de platonicisme, bien que Serge s'attache davantage à des questions aristotéliciennes quand cela touche aux métaphores (cf L'Art du Vertige).
S'il est question du monde des idées, je ne pense pas qu'il suive le parcours de sortie de la caverne. Au contraire, il démonte l'idée reçue d'un sens unique. Platon considère le donné sensible comme un reflet des idées. Les images, dessinées ou écrites, sont alors des reflets de reflets. Il ne faut pas oublier que Platon rejette les poètes de sa cité idéale.
Ce que propose Serge est un retour au fond de la caverne pour en explorer les parois, jusqu'à trouver une brèche vers un ailleurs. C'est la vieille lutte du logos contre le muthos, un antagonisme à l'œuvre parfois en SF (Hard science vs physique des métaphores, Campbell vs Bester).
Il n'y a pas forcément un camp à choisir, mais je constate une tendance consciente ou non chez certaines auteurs à vouloir passer pour savants, que ce soit en physique, en chimie, astronomie, ingénierie, et même en sciences sociales. Des membres de Notre Club sont d'authentiques "sachants" qui apportent un crédit précieux à nos récits, et aux leurs, mais un écrivain n'est pas que ça.
Il n'est pas un simple metteur en scène de logos, comme Platon mettait en dialogues sa philosophie. Lui-même a eu recours au mythe quand le discours de la raison atteignait ses propres limites.
L'art ouvre à quelque chose de plus grand, plus intangible, mais plus facile à partager. Un espace symbolique, un ailleurs accessible à tous.
La noosphère brille d'une lumière différente du soleil des Idées.


Ta réaction est très intéressante aussi. (Elle va sans doute me faire digresser, pardon Erwann. T_T)

Ce que j'appelle le platonisme (ou platonicisme) de Lehman - évident à mon avis sur Vega, ou dans L'Esprit du 11 janvier - c'est son idée que les Idées ont une réalité, que les concepts existent vraiment quelque part (c'est la position philosophique qu'on appelle le "réalisme", par opposition au "nominalisme", dans la querelle des universaux), donc qu'agir sur les symboles, c'est agir sur le monde réel (et pour moi, sa vision de la métaphore prise au pied de la lettre dans L'Art du vertige serait plutôt platonicienne).

Ca revient à dire, comme tu le fais, que l'art peut être une porte d'entrée vers un univers symbolique, et faire accéder à une vérité transcendant le bête réel - thème là encore éminemment platonicien, même si Lehman ne met pas forcément en scène en effet de sortie de la caverne, et qu'il ne croit sans doute pas à une vérité univoque.

Sinon Platon ne virait pas toute la poésie de sa cité idéale, il en gardait ce qui était susceptible d'éduquer les citoyens (La République 607a (en ligne ici) :

Platon a écrit :en fait de poésie il ne faut admettre dans la cité que des hymnes aux dieux et des éloges des gens de bien


De là on débouche (comme tu le fais plus ou moins) sur la question de savoir si ce qui prime en littérature de l'imaginaire ce sont les idées ou la manière de l'exprimer. Lehman (qui est pourtant bon écrivain) a pu écrire que ce qui avait entravé la SF française c'était la volonté de respecter le "beau" langage classique, ce qui est d'après moi un peu court (quand Spitz écrit tout L'OEIl du purgatoire au passé composé comme Camus l'avait fait pour L'Etranger quelques années plus tôt, il fait quoi ? il innove ou il suit un modèle établi - par une personne - avant lui ?)

Ceux qui me lisent souvent ici (les malheureux ^_^) savent que je suis attaché au style, pour une raison simple : le style façonne les idées, donc il n'y a pas de bonne idée de SF mal exprimée... d'autant que les conceptions du "bon" style varient. En vrai, il faut que le style soit adapté ce qu'il exprime... Là je pense au bouquin que je suis en train de lire, Un corps d'avance : Lou Jan a un style très "morcelé", qui pourrait m'agacer sur une autre histoire, mais qui est parfaitement approprié à son propos.

Autrement dit, j'ai tendance - contrairement à Lehman je pense - à ne pas croire à l'existence d'un concept / d'un symbole séparé des mots qui l'expriment (à n'être pas platonicien donc ^_^).

Et je te rejoins sur l'idée qu'un bon roman de SF n'est pas qu'une mise en scène éducative d'idées (je suis en général sceptique sur le mantra "instruire en distrayant", qui a contribué à décrédibiliser la SF), même si je défendrai bec et ongles des histoires d'aventure intellectuelle comme Anatèm.

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