Intégrale des nouvelles de Greg Egan

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Gutboy
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar Gutboy » 26 novembre 2009 à 10:35

Clément a écrit :Juste lu "Gardes-frontières" hier soir. J'avoue avoir lu en diagonale toute la partie sur le football quantique... C'est probablement passionnant si on y comprend quelque chose, mais sinon, c'est juste abscons. De toute façon ça n'empêche pas de comprendre et d'apprécier le reste de la nouvelle, passionnant, du pur Egan, et si c'est la plus faible du recueil, et bien, miam.


Je trouve que c'est une des plus belles nouvelles d'Egan, sans trop spoiler parce qu'elle est justement à la, euh, frontière des deux mondes et que les personnages véhiculent une charge émotionnelle poignante, pas si fréquent chez Egan, on lui reproche assez.

Le football quantique est évidemment à lire sans chercher à comprendre, je fais véritablement un lien avec la poésie: le but est moins le sens (meaning) que la sensation produite (feeling). La partie de foot quantique c'est de la physique poétique. Autre raison de trouver la nouvelle particulièrement belle.

Si vous n'êtes pas allés voir sur le site d'Egan, la partie de football quantique en images:
http://gregegan.customer.netspace.net.au/BORDER/Soccer/Soccer.html
Pas plus compréhensible, mais au moins aussi fascinant. Apparemment on peut jouer, hahaha.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar marypop » 26 novembre 2009 à 11:36

scifictif a écrit :
W a écrit :il me semble que le pont est de trop

Plus que par souci d'exotisme, je présume qu'Egan a voulu signifier par ce biais qu'un transhumain qui se réincarne ne redevient pas humain pour autant.
Alors oui, ce pont fait un peu gadget, mais il n'est pas aussi anodin que ça.


Ah ...

Contrairement à vous deux j'ai particulièrement accroché à cette histoire de ponts.
Il y est question d'intégrité physique, de partage de quelque chose de plus fort que la sexualité qui est la notre.
Et je l'ai ressenti aussi comme la métaphore des liaisons entre les océaniques et les continentaux.
D'ailleurs le héros est lui même le pont de l'histoire.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar scifictif » 29 novembre 2009 à 22:31

Petite précision : quand j'indiquais qu'il s'agissait de post-transhumains et non plus d'humains, je parlais bien sûr de physiologie et non de capacité d'empathie.

Sinon, le pont, ambiguité sexuelle héritée de leurs ancêtres transhumains, me semble surtout faire le lien entre la plasticité perdue du virtuel et la rigidité imposée par la chair.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar patrick_g » 06 décembre 2009 à 17:42

Je me suis permis d'écrire, sur le site ou je suis modéro, un petit texte incitant les gens à découvrir Greg Egan et le recueil Océanique : http://linuxfr.org/~patrick_g/29120.html
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar M » 17 décembre 2009 à 15:00

Gutboy a écrit :
Le football quantique est évidemment à lire sans chercher à comprendre, je fais véritablement un lien avec la poésie: le but est moins le sens (meaning) que la sensation produite (feeling). La partie de foot quantique c'est de la physique poétique. Autre raison de trouver la nouvelle particulièrement belle.



Quand j'avais lu cette remarque je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Mais je la trouve terriblement vrai. Ayant fait pas mal de physique je comprend (et encore pas tout) une partie de ce qui se passe mais en fait c'est très secondaire. Comme dit Gutboy c'est la sensation produite qui est importante.

En tout cas la nouvelle est frappante par son opposition en un hard science vraiment marquée dans la partie de foot quantique et une émotion très forte ensuite avec des personnages attachants (très peu fréquent chez Egan).

A mon goût une très bonne nouvelle.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar M » 20 décembre 2009 à 17:50

Lu et fini Les Entiers sombres.

Je suis assez ravi de retrouver les personnages de Radieux et de voir développer des nouvelles idées sur la discontinuité. Les mathématiques comme armes de destruction massives c'est osé. En même temps comme elles régissent les lois de notre Univers donc il est très bien vu d'imaginer une guerre à coup de modification de la physique.

Par contre le point d'effort d'Egan n'est vraiment pas dans la description des émotions de ces personnages. La bande des 4 est totalement clinique dans son approche du conflit. Ils frappent à l'aveugle un Univers inconnu sans éprouver le moindre sentiment de culpabilité pour les destructions et les morts qu'ils provoquent. Egan essaie bien de faire éprouver quelques remords à Bruno mais on y croit pas vraiment.

En tout cas, une bonne nouvelle. Moins originale que Radieux (suite oblige) mais du lourd tout de même. Du très lourd même.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar Gutboy » 21 décembre 2009 à 10:53

Farfadet a écrit :Par contre le point d'effort d'Egan n'est vraiment pas dans la description des émotions de ces personnages. La bande des 4 est totalement clinique dans son approche du conflit. Ils frappent à l'aveugle un Univers inconnu sans éprouver le moindre sentiment de culpabilité pour les destructions et les morts qu'ils provoquent. Egan essaie bien de faire éprouver quelques remords à Bruno mais on y croit pas vraiment
Paradoxalement, je trouve au contraire que cette froideur est plutot bien vue dans ce cas. Je veux dire, dans une guerre "normale" déjà il est difficile de s'identifier à l'ennemi (il est même recommandé de ne pas le faire en fait) sinon, pas de guerre hein. Là c'est pire: il s'agit d'une guerre abstraite.
A mon sens, impossible de faire preuve d'empathie avec l'ennemi, de le considérer autrement qu'abstrait. Intellectuellement les protagonistes savent qu'ils attaquent des êtres vivants, mais concrètement il ne peuvent guère les ressentir réellement comme tel. Et ce d'autant plus qu'ils n'auront jamais la possibilité de constater les effets de leurs attaque sur l'autre monde, même s'ils le voulaient.
Ici, la froideur est probablement la réaction la plus humaine qui soit (dans le sens: fonctionnement de l'être humain, pas dans le sens philo).
Qu'Egan l'ait fait exprès ou que cela soit un effet de ses difficultés à camper les personnages, c'est évidemment discutable. Mais dans cette nouvelle, la distance des personnages vis à vis de leurs actes me parait correcte.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar scifictif » 21 décembre 2009 à 20:25

Farfadet a écrit :des personnages attachants (très peu fréquent chez Egan)

Gutboy a écrit :ses difficultés à camper les personnages


Voilà bien deux aspects d'un avis qui semble largement partagé sur Egan et que je n'ai jamais bien compris.
Beaucoup de ses nouvelles nous invitent à partager l'intimité d'un personnage-narrateur empêtré dans des situations intenables, ses espoirs, ses doutes, ses interrogations, ses hésitations, les angoisses qui le tourmentent, sa difficulté, égaré dans les alternatives, à se (re)trouver lui-même.
Bref, ses récits sont à mon sens terriblement immersifs et ses personnages touchants.
Ce parti-prix d'explorer les méandres de la psyché d'un personnage central laisse alors sans doute peu de place pour les autres personnages.
Peut-être est-ce cela qu'on lui reproche...
Sais pas bien.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar M » 21 décembre 2009 à 21:51

scifictif a écrit :Beaucoup de ses nouvelles nous invitent à partager l'intimité d'un personnage-narrateur empêtré dans des situations intenables, ses espoirs, ses doutes, ses interrogations, ses hésitations, les angoisses qui le tourmentent, sa difficulté, égaré dans les alternatives, à se (re)trouver lui-même.
Bref, ses récits sont à mon sens terriblement immersifs et ses personnages touchants.


Egan t'invite très souvent à un voyage dans la tête de ses personnages, mais il est clinique dans leur description. Tout est toujours "rationnel" (le terme n'est pas approprié mais j'arrive pas à trouver mieux), expliqué, disséqué. Il n'y a pas beaucoup de part pour l'émotion. Parfois je me dis que ses personnages sont vraiment torturés pour se poser autant de questions. J'ai du mal à éprouver de l'empathie pour eux.
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Re: Océanique, de Greg Egan (novembre 2009)

Messagepar scifictif » 22 décembre 2009 à 15:39

Farfadet a écrit :ses personnages sont vraiment torturés pour se poser autant de questions

Certes, mais les situations l'exigent. C'est leur vie et/ou leur intégrité mentale qui sont en jeu.
Leurs ruminations, leur irrésolution fébrile, les rendent au contraire très humains à mon sens.
Mais bon, je comprends que l'on puisse voir dans leur faculté à "tout" envisager et mettre en équation, un aspect clinique, froid et distant.

Farfadet a écrit :J'ai du mal à éprouver de l'empathie pour eux

Tiens ça me rappelle un truc.
"Je ne sais plus qui" disait qu'à force de lire de la sf, les amateurs seraient moins enclins à la stupéfaction en cas de rencontre extraterrestre.
Ben je crois que c'est pareil avec Egan. Les situations décrites sont stupéfiantes mais il nous y familliarise progressivement via le prisme de ces personnages-là et de leurs tourments.
Tu verras Farfadet, quand on te proposera un cristal Ndoli, tu auras une pensée émue pour les personnages d'Egan, tu les comprendras mieux et tu les remercieras d'avoir eu le cran et l'honnêteté d'accepter d'étudier ainsi toutes les alternatives ;-)

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