Albumine Tagada a écrit :Je suis loin d'être un luddite militant pour le retour des pompistes, hein, et j'admets m'amuser de voir l'IA investir pas mal de métiers en col blanc jadis réservés aux notables (les juristes, notaires, directeurs marketing et autres cadres ont, à mon avis, des soucis à se faire dans un avenir plus ou moins proches). Et tout à fait d'accord pour le souci éthique, même si c'est un autre débat. L'IA générative, c'est du vol, point final. Voir ce qui se passe avec Ghibli en ce moment - un monument de cynisme.
Mais dans le cas de la traduction ou de la correction, une part non négligeable de créativité est requise, ne serait-ce que par le travail de reformulation permanent et la compréhension fine d'un texte. Il n'y a selon moi aucune mécanisation possible dans ce processus (en dehors de ce que font déjà pas mal de logiciels, à savoir traquer les répétitions et fautes ortho-typo) sans nuire, in fine, au texte édité.
C'est vraiment de l'équilibrisme de se dire que ça peut remplacer les notaires, mais pas les correcteurs.
En vrai, je n'ai pas d'avis sur la question.
Je développe :
Récemment, on se faisait la réflexion que, socialement, les hommes sont élevés à avoir un avis sur tout (même sur ce qu'ils ne connaissent pas) alors que les femmes non.
(Je vous fais un tableau à l'arrache, mais pour situer le cadre.)
J'ai le sentiment que cette posture se retrouve dans le débat sur la mécanisation (car c'est de cela dont il s'agit).
Par exemple, ici, tu écris "j'admets m'amuser", mais j'imagine qu'un notaire peut expliquer combien l'intervention humaine est fondamentale dans son taf.
Tu prends le parti des correcteurs car tu te sens concerné.
Sur ce forum, on va avoir plein de gens concernés par les livres, mais beaucoup moins par le travail de tel ou tel cadre.
Je pense (comme une femme, disons, à savoir que je n'ai pas d'avis sur les sujets qui ne me concernent pas) que seule chaque branche peut dire si le rendu du taf de la machine est satisfaisant ou non.
Et, dans chaque branche, les humains peuvent imaginer d'apporter une plus-value pour sauver leur travail ou l'abandonner.
Et où je veux en venir, du coup ?
Dans la configuration actuelle du travail et du capitalisme, rien n'arrête la mécanisation, que ce soit une bonne ou une mauvaise chose. Donc je pense qu'il est plus utile, pour chaque tâche / corps de métier, de penser son activité en tenant compte de cette donnée.
Néanmoins, je ne vois pas l'intérêt d'acheter à un éditeur un livre écrit par une IAG.
Si une IAG peut faire un bouquin qui me distrait, je peux lui demander moi-même : "raconte moi une histoire où..."
Si j'achète un livre à un éditeur, je veux qu'il me mette en contact avec un humain qui me raconte un truc qu'il a, ellui, dans la tête.
Raison pour laquelle j'ai un avis sur la mécanisation dans la production d'art puisque l'art ne sert à rien a priori dans des fonctions de survie comme manger ou se soigner.
Quant à l'absence de corrections dans certaines structures dont tu parles, ça m'étonne un peu. J'ai pas mal traduit pour des éditeurs plus ou moins grands, et jamais cette phase n'a été zappée (même dans le fanzinat, où c'était généralement fait de manière collaborative). Mais c'est fort possible, hein. Cette étape peut se confondre avec la phase de préparation/relecture par l'éditeur, même si rien ne remplace, à mes yeux, le taf d'un correcteur chevronné.
Une maison connue (et fermée aujourd'hui) était connue pour ses nombreuses fautes et ça arrive tout le temps qu'on voit des fautes ou des erreurs dans les livres.
Parfois, on sent que certains livres sont corrigés et pas d'autres.
Du coup, dans l'état actuel du marché, se dire qu'une machine va faire le minimum partout, c'est pas forcément un mal.