Chères amies, chers amis,
J’ai l’immense plaisir de vous annoncer que la revue "Angle Mort" réapparaitra. Cela fait quelque temps maintenant que nous travaillons, avec Jean-Luc André d'Asciano, directeur de la superbe maison d’édition L'Œil d'Or, à la création d’une collection de livres imprimés « Angle Mort ». Cette collection a pour ambition d’explorer les liens entre science et littérature, réalité et fiction, le possible et l’impossible. Elle le fera, comme elle l’a toujours fait, avec des nouvelles inédites de science-fiction, augmentées d’articles académiques issus de différentes disciplines (allant de la philosophie à la physique, en passant par les sciences humaines et sociales), ainsi que d’un appareil de critique littéraire qui, à mon humble avis, manque toujours cruellement à la science-fiction. Elle se positionnera donc, comme son nom l’indique, dans un ‘angle mort’, un espace intermédiaire, entre l’excellente revue Bifrost par Le Bélial' et la rigoureuse ReSFuturae dirigée par Irène Langlet, entre un support littéraire et un support académique, où la science-fiction sera à la fois le terrain et la méthode d’enquête. Elle fera entendre de nouvelles voix et prêtera une attention différente à celles déjà connues.
Nous vous tiendrons informé·e·s, dans les mois qui suivent, des avancées de ce travail. Que vous soyez une amatrice ou un amateur de littérature, de science et/ou de science-fiction ; une chercheuse ou un chercheur porté·e sur la spéculation ou l’exploration des possibles et (surtout) des impossibles ; sachez que nous vous préparons de très belles surprises et nous espérons qu’elles vous plairont !
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En ce mois de décembre 2022, cela fait très exactement dix ans que je consacre mes recherches à la science-fiction – et plus particulièrement aux rapports complexes que les œuvres qui en constituent le corpus entretiennent avec la science, la littérature, le monde et (surtout) la planète. Ça fait également 10 ans que j’ai commencé mes activités en tant qu’éditeur de science-fiction, lorsque l’équipe fondatrice de la revue numérique Angle Mort m’a accueilli chaleureusement en son sein (il y avait alors Laurent Queyssi, Sébastien Cevey, David Queffélec, Amélie Ferrando, Christophe Sneed Duchet, et quelques autres).
Au cours de ces dix années, énormément de choses ont changé. La fréquentation des archives, des œuvres, des essais théoriques, de leurs autrices et de leurs auteurs, leurs lectrices et leurs lecteurs, leurs usagères et leurs usagers, a évidemment radicalement transformé mes goûts (et mes dégoûts - comme dirait Pierre Bourdieu). Toutes les personnes que j’ai rencontrées au fil de ces dix années – qu’elles soient faites de papier, de pixels, de chair et d’os – m’ont enseigné de nouvelles façons de lire comme de nouvelles manières d’être (pour reprendre le titre de Marielle Macé).
Puis, j’ai pris le rôle de directeur de la revue Angle Mort, dont j’ai publié, entre 2015 et 2019, quatre numéros, ainsi qu’un numéro de science-fiction française intégralement traduite en anglais (Blind Spot), avec le soutien de l’ambassade de France aux États-Unis. Je m’étais alors entouré de lectrices et de lecteurs exigeant·e·s, comme Eire Emdé [René-Marc Dolhen--note de JDB], Patrick Creusot, ou encore Sylvie Denis. Pour ce travail, Angle Mort a reçu en 2018, à ma grande surprise, le prix de la meilleure revue de science-fiction européenne, décerné par la Eurocon – la Convention Européenne de Science-Fiction – récompense dont je suis très fier.
J’ai toujours eu de grandes difficultés à articuler mon activité de recherche avec celle d’édition. En atteste notamment le manque flagrant de périodicité des numéros que j’ai publiés. Il faut toutefois reconnaître que ces deux activités (la recherche et l’édition) vous demandent chacune un grand investissement personnel tout en vous assurant une certaine précarité économique. Mais j’ai toujours eu le sentiment que ces deux activités n’étaient pas incompatibles pour autant et, même, qu’elles pouvaient se compléter. Je connais un certain nombre de chercheurs et de chercheuses qui occupent également une fonction de direction éditoriale – que ce soit pour une collection (par exemple Christophe Bonneuil et sa collection « Anthropocène » au Seuil) ou une revue (par exemple Arnaud Saint-Martin et sa revue Zilsel) et qui représentent pour moi des figures inspirantes.
Aujourd’hui, dix ans après mes premiers balbutiements à la fois dans la recherche académique et dans la science-fiction, cet équilibre est enfin trouvé ! Et nous espérons, avec Jean-Luc, que cette aventure durera de nombreuses années !
On attend la suite avec impatience.
Remarque personnelle: cette initiative me semble s'inscrire dans un mouvement de fond qui associe la science-fiction et la recherche universitaire et qui, à mon sens, prend de l'ampleur ces dernières années: orientation scientifique des Utopiales, création des Hypermondes, de Festirennes (surgeon de L'Ouest hurlant), sans parler d'autres initiatives dont je n'ai sans doute pas eu connaissance.
A suivre...
JDB
