Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

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Clément
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Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar Clément » 17 juin 2010 à 09:16

Les libraires et les bibliothécaires du monde entier vont-ils se laisser faire comme les disquaires qui ont mis la clé sous la porte sans broncher ? Le livre imprimé sur papier est menacé de disparition, dans l'indifférence générale. Je suis surpris par l'absence de résistance du public dans les deux cas : la dématérialisation du disque semble n'avoir chagriné que moi, la montée en puissance du livre numérique semble n'inquiéter personne. Je sais d'où vient ma paranoïa : du roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, publié en 1953. Je l'ai lu quand j'avais 14 ans, dans la collection Présence du futur, chez Denoël. Il décrit un monde où les livres sont brûlés par des pompiers pyromanes munis de lance-flammes à 451 degrés Fahrenheit, soit 233 degrés Celsius. En 1966, François Truffaut en a fait son seul film de science-fiction, tourné en anglais. Si Truffaut revenait aujourd'hui, et qu'on lui disait que toute la connaissance mondiale est en cours de numérisation informatique pour être téléchargeable sur des écrans, et que les livres en papier vont être réservés à une sorte d'élite érudite, à des fétichistes bibliophiles, à des vieillards collectionneurs ou des archivistes maniaques, je parie qu'il pleurerait.


Un article de Frédéric Beigbeder à lire ici :
http://www.lexpress.fr/culture/livre/le ... 99887.html
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Wicker_Man
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar Wicker_Man » 17 juin 2010 à 10:07

Pffff, ce catastrophisme ambiant devient lassant à force.

J'ajouterai que les bibliothécaires ont été les premiers à tirer la sonnette d'alarme, il y a plus de douze ans (...!!) dans l'indifférence générale et que, dans les sujets de concours qu'on pose aux oraux, il en est toujours question (j'étais déjà tombé dessus lors de mon oral d'Assistant de Conservation du Patrimoine en 1996, imaginez un peu..!!).

Alors que certains découvrent ça en 2010 et poussent des cris d'orfraie dans la presse, ça me fait doucement rigoler.

Je conclue rapidement en disant que j'ai (co-)tenu un stand professionnel au Salon du Livre pendant quatre ans et que chaque année (1999-2003), les éditeurs de livre électronique nous promettaient la Révolution numérique et la fin du livre papier.
J'attends toujours.
"Les chiens aboient, la carapace vanne." - Jean-Claude Dunyach (26/04/2010) -
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar Sybille » 19 juin 2010 à 11:43

la dématérialisation du disque semble n'avoir chagriné que moi


Non seulement ça ne me chagrine pas, mais ça me réjouit.
Je rêve d'être assez riche pour m'acheter un iPad et j'attends avec impatience d'avoir une petite liseuse pratique qui pourrait rester dans mon sac à main.
'fin, non, j'aimerais plutôt que mon téléphone-agenda-baladeur-boussole-appareil photo soit une bonne liseuse...
(Et je trouve l'article lui-même navrant.)
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar Isa » 19 juin 2010 à 12:10

Wicker_Man a écrit :Pffff, ce catastrophisme ambiant devient lassant à force.


+1
*soupir*

Je comprends que certains auteurs comme Th. Di R. s'inquiètent de l'éventualité du piratage. Pareil pour les éditeurs qui doivent s'assurer de la pérennité de leur gagne-pain. Mais là, on part dans tout à fait autre chose, à savoir confondre la destruction de la culture avec la dématérialisation du support.
L'auteur transforme la réalité, à savoir "on crée un support d'informations différent et pour le moment complémentaire du papier" en "on va détruire tous les livres". Admettons éventuellement que, dans un futur plus ou moins lointain, si tout le monde consomme du numérique il y ait de moins en moins de livres papier, ça ne change rien au fait que la culture sera toujours présente. Qu'on s'inquiète de la façon de la rémunérer pour que des gens puissent continuer à s'y consacrer, je conçois. Mais qu'on compare le fait de numériser les contenus au fait de les faire disparaître, c'est juste de la mauvaise foi. D'ailleurs ces professeurs qui apprennent les contenus dans la clandestinité ne sont rien d'autre que l'équivalent des fameux supports numériques qui n'ont rien de clandestin.

Et sinon, comme le dit Sybille, la liseuse permet de mettre plein de bouquins dans sa poche, plus des CD, plus une boussole, un téléphone, etc... Alors l'intérêt de déchirer une page de journal pour la mettre dans ladite poche devient en effet obsolète. Peut-être qu'à la longue, ça évitera de voir traîner par terre des vieilles feuilles de journal, des petits papiers avec noté des numéros de téléphone, des listes de course...
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar Caliban » 19 juin 2010 à 12:44

Wicker_Man a écrit : les bibliothécaires ont été les premiers à tirer la sonnette d'alarme, il y a plus
de douze ans (...!!) dans l'indifférence générale
Alors que certains découvrent ça en 2010 et poussent des cris d'orfraie dans la presse,
ça me fait doucement rigoler.

Je ne suis pas sûr que cela ait beaucoup de sens de se démander qui était "le premier".
La question de l'avenir du livre est déjà posée dans les analyses de Xérox, lorsqu'ils ont sorti
la première interface graphique (qu'ils ont pensé à donner un écran aux ordinateurs...),
au tout début des années 70 : elle dérive très naturellement de cette innovation.

Le reste est d'une part rhétorique ("cela ne chagrine que moi", décliné à l'envi depuis),
d'autre part, et plus sérieusement, économie. Il semble clair que certains modèles
économiques, qu'Amazon et consorts faisaient déjà paraître vieillots, sont désormais
condamnés, et que certaines maisons d'édition, certaines librairies, certaines bibliothèques,
sont condamnés à se réformer ou à disparaître. Mais cela ne signifie nullement que
l'objet lui-même, le livre papier, soit en danger.

Cela ne signifie pas forcément non plus que les mêmes acteurs économiques ne
retrouveront pas une place essentielle, s'ils sont capables non seulement d'innover
(ce dont je ne doute pas, dans la mesure où cela passe par des individus souvent
brillants et passionnés), mais aussi, collectivement, de s'approprier ces innovations
(ce qui me semble plus douteux). Au pire, s'ils ne s'adaptent pas, ils seront remplacés
par la génération suivante avec un peu d'avance.
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JDB
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar JDB » 19 juin 2010 à 19:42

Il a raison, c'est scandaleux.
Imaginez un peu : grâce au numérique, via une liseuse ou même un simple ordinateur, n'importe quel quidam peut accéder à des oeuvres du domaine public qu'aucun éditeur n'envisageait jusque-là de proposer à la vente et qu'on était obligé de se procurer auprès des antiquaires, à 500, 1000 ou 2000 euros le bouquin.
Alors que grâce à des cinglés qui ont fait l'effort de scanner des livres empruntés dans des bibliothèques, on trouve des chefs-d'oeuvre pour peau de balle.
Bon, faut dire que, pour l'instant, l'offre en langue française est limitée, mais quand même : Dumas, Féval, Zévaco !
Pour les anglophones, tous les auteurs du XIXe siècle à portée de main! Conan Doyle, Wells, Rider Haggard, Stevenson, Kipling !...
Ah ! pardon, vous préférez "Iron Nose" B**gb*d*r ? C'est payant ? Ben, faites votre choix...
JDB
"Impliqué en permanence", qu'il dit.
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar marypop » 26 juillet 2010 à 16:04

thomasday a écrit :Voilà, ça a l'air de rien...

Mais en fait, c'est une bombe atomique...

GD


mmmm

vu d'ici ça me donne l'idée qu'il fait le boulot d'un éditeur non ? Ou je n'ai pas tout compris.

Plus sérieusement, ça pose le problème de la propriété intellectuelle du travail éditorial, comme pour l'auteur, comme pour le traducteur.
Pour moi un livre ne serait pas ce qu'il est sans les corrections apportées par le dircoll (ou quelqu'un d'autre suivant la taille de la maison d'édition j'imagine).
Si un tel travail a été fait depuis le manuscrit de départ, il est "normal" qu'en retour la maison d'édition ait des droits d'utilisation du texte.
Tremblay les chaussettes ville super chouette
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar filip » 12 août 2010 à 00:55

En même temps, je ne me fatigue même pas à lire le monsieur, alors son avis, je men tape le coquillard.
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Re: Le livre numérique ou le cauchemar de Bradbury

Messagepar Wicker_Man » 06 septembre 2010 à 21:38

Un élément de réflexion sur le numérique...

Les fans d'Iron Maiden ne piratent pas The Final Frontier

Le raz de marée The Final Frontier [nouvel album, sorti le 16 août] causé par Iron Maiden ne cesse de faire des émules depuis sa sortie. Alors que les ventes des disques s'écroulent et que le marché est en perdition, le groupe anglais conserve la tête haute. Numéro 1 dans de nombreux pays à sa sortie fin août (notamment en France mais aussi en Angleterre, au Japon et en Arabie Saoudite), The Final Frontier s'est vu distribuer à 800 000 copies de par le monde à ce jour. A l'image de son zombie fétiche Eddie, Iron Maiden fait office de survivant? Et du coup d'exception.

Selon David Kassler, responsable de EMI Europe, l'explication est simple : les fans ne piratent pas Iron Maiden. "Ils veulent l'objet définitif. Ils adorent le visuel, les paroles. C'est quelque chose qu'ils veulent ensuite montrer à leurs amis et à leur famille."
On ne pirate pas Iron Maiden, on le collectionne. Les fans achètent pour garnir leur discothèque.
Ceci expliquerait les faibles ventes numériques d'Iron Maiden aux Etats-Unis. Alors que pour la plupart des groupes, elles représentent 50 % des ventes du marché US, dans le cas d'Iron Maiden, elles ne dépassent pas les 15%. On reste loin des 14 millions de ventes de The Number Of The Beast dans les années 80 mais le groupe de Steve Harris et Bruce Dickinson demeure une valeur sûre. Ceci sans aucune aide des radios et des télés. En 30 ans de carrière, Iron Maiden a vendu près 85 millions de disques.

http://www.musiquemag.com/news-les-fans ... r-3452.htm

Un article similaire dans le New York Times(en anglais):
http://www.nytimes.com/2010/09/06/busin ... aiden.html


Peut-être qu'il existe un facteur humain négligé par les commerciaux et les responsables marketing...
"Les chiens aboient, la carapace vanne." - Jean-Claude Dunyach (26/04/2010) -

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