Dans la vallée du soleil de Andy Davidson, Gallmeister (2020)

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PHILIPPE CADUC
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Dans la vallée du soleil de Andy Davidson, Gallmeister (2020)

Messagepar PHILIPPE CADUC » 29 octobre 2021 à 22:37

C'est assez rare, mais j'étais incapable de me souvenir où j'avais entendu parler de ce livre (que j'ai, soit dit en passant, acheté pour le fonds de ma médiathèque, ce qui était perturbant). Après réflexion (infructueuse) et recherche sur ce forum par mot clé, j'ai fini par le retrouver dans la rubrique GPI 2020 car il faisait tout simplement partie de la sélection. Mais pas d'autre trace, ni chez nos chers blogueurs (exception faite - mais j'ai pu en louper - de Nictalopes, que j'ai découvert pour l'occasion), ni dans Bifrost. J'ai donc l'insigne honneur de vous infliger une critique de ce roman, bien nébuleuse et cryptique comme j'en ai le secret.
Je préciserai toutefois volontairement cryptique, car j'ai trouvé ce roman si puissant qu'il est hors de question que je vous en livre le thème majeur. Thème au demeurant rapidement dévoilé, et largement suggéré par la quatrième de couverture. Mais bon, l'info ne viendra pas de moi.

Travis traverse le texas au volant de son pick-up, traînant sa caravane et ses noirs secrets. Un soir, dans un bar comme il en fréquente chaque soir clôturant chaque jour d'une vie qui semble une éternelle fuite, il rencontre une fille. Mais ce n'est pas la bonne fille. Et si Travis pensait côtoyer l'abîme, il va rapidement comprendre qu'il n'y a pas encore réellement plongé. Tout comme les quelques innocents qui croiseront sa route, dont deux vaudront peut-être un peu plus que les autres à ses yeux.

Voilà, tout le monde est bien avancé, et moi je vais me coucher.

Bon, j'ai bien conscience de ne pas avoir raconté grand chose d'intéressant, je vais donc tenter de fournir quelques arguments pour vous convaincre de lire ce roman.
Publié chez Gallmeister, il s'inscrit évidemment dans le principal univers de cet éditeur, les grands espaces américains. Et sur ce point, c'est grandiose ; comme d'habitude, la magie nord américaine opère à fond. Mais s'il s'agit de magie, ici elle est noire. Car il s'agit ni plus ni moins que d'un roman fantastique. Et qui ne flirte pas avec le genre. On est en plein dedans. Et Jésus Marie Joseph ça fait mal. Honnêtement, je n'avais pas lu un truc aussi effrayant depuis Chants du cauchemar et de la nuit de Ligotti (même si ça n'a rien à voir). Et il combine une dimension fantastique hallucinante avec toutes les qualités des publications de cet éditeur : écriture (traduction) exceptionnelle non exempte de quelques audaces formelles renforçant l'aspect horrifique ; et évidemment cette Amérique du sud, pauvre et profonde, qui nous fascine et nous effraie tout à la fois. L'horreur venue des mobilhomes, ça fonctionne très très bien. Ajoutons quelques pages sur l'inexorable besoin d'être aimé absolument poignantes, et le cocktail est brûlant comme le cou d'un redneck au soleil.
Pour finir, on notera encore une fois la contamination d'un éditeur (qu'on aura quand même pas le culot ici de qualifier de "blanche") par le genre. Et on louera l'audace et le bon goût - qui n'est plus à prouver - de Gallmeister de publier un tel livre.
Manifestement ils sont comme moi : ils aiment quand ça saigne.

Ah oui, j'oubliais : le bouquin a aussi été finaliste du Bram Stoker Award. Pas mal pour un premier roman.

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