Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

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Nébal
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Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Nébal » 21 décembre 2016 à 22:53

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Lu Le Langage de la nuit : essais sur la science-fiction et la fantasy, recueil d'articles de l'immense Ursula K. Le Guin datant des années 1970.

Très bien, forcément - toujours pertinent dans l'ensemble (et hélas, parfois...), plein de choses intéressantes se rattachant à deux thématiques essentielles : l'apologie de l'imagination, et les outils et pièges particuliers aux littératures de l'imaginaire.

C'est un peu frustrant (j'aurais bien aimé lire des articles plus récents), mais c'est bien sûr plus que recommandable ; merci aux Forges de Vulcain pour cette bonne initiative.

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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar ZRK » 22 mai 2018 à 20:52

J'ai enfin lu cet essai et je sui un poil déçu de l'avis de Le Guin sur les comics, les super héros etc....Non ce ne sont pas des sous mythes, pas plus que les nouveaux mythes conçus par les auteurs de fantasy , et j'ai détesté le sous entendu qu'elle fait sur les bandes dessinée. On dirait du Zemmour. Venant d'elle, je ne comprends pas. Et je ne suis pas trop d'accord quand elle dit qu'il faut écrire pour être publier sinon ça n'a aucun sens et qu'elle aurait abandonné si elle n'avait pas "percé". On écrit avant tout pour soi, par passion, ahma. Est-ce que l'on arrête un sport parce qu'on ne gagne jamais une compétition ou que l'on est pas professionnel ?

Bon à côté de ces coups de gueule, tout le reste est intéressant notamment le passage sur l'écriture des dialogues. Par contre, je ne suis pas fan des auteurs, artistes etc.. qui prennent un peu trop en compte Freud et Jung comme si la psychologie/psychanalyse se résumait à eux alors que depuis les débuts de leurs discipline,s ils sont critiqués...En tout cas, sur le sujet, il y a une certaine controverse. Je trouve ça juste dommage de tout ramener à eux quand on se met à parler d'archétypes, de mythes, de rêves. Qu'on les cite ok , (après tout ce sont les précurseurs), mais qu'on ne cite qu'eux, là non. Ce n'est quand même pas de la science "dure" tout ça et c'est largement discutable (surtout le caractère universel, qui peut parait logique sur pas mal de points, mais qui dans les faits, est bien plus complexe que ça) .

Ça me rappelle Joseph Campbell , obnubilé par Freud... Et concernant la partie où Le Guin du plagiat "acceptable" là encore, je comprends ce qu'elle veut dire, mais de l'autre, si on tourne en rond depuis 4000 ans c'est peut être pas parce que nos mythes sont excellents et pertinents, mais parce que ceux qui veulent en raconter, plagient depuis des millénaires et monopolisent donc le domaine. C'est un vrai débat. Et ce formatage narratif du mythe, de sa structure etc..pourrait très bien persister parce que c'est celui qui "marche" , qui vend, non pas celui qui est le plus novateur. Même s'il faut bien l'admettre, la structure du mythe est universelle mais de là on peut partir sur tout une discussions sur le "pourquoi". Le Guin semble penser que c'est parce qu'on est une même espèce, et qu'on partage donc les mêmes idées (je simplifie hein). Mis on pourrait aussi se dire que c'est la diffusion du savoir, l'influence culturelle etc..qui a contribué à ce que l'on ne sorte que rarement des sentiers battus.

D'ailleurs, on le voit aujourd'hui (et à diverses époques) : ce qui vend, c'est ce qui plait, et c'est qui plait, c'est ce qui est communément admis. Telle structure, telle narration, tels personnages etc..Et quand un auteur tente autre chose, dans le fond et/ou la forme, souvent il ne vend pas voir même il n'est pas publié car 15-20 ans d'avance dans les thématiques (voir le passage où Le Guin dit qu'un roman a été refusé par un éditeur qui lui avoua des années plus tard qu'il aurait souhaité le publier, mais les thèmes avaient 15 ans d'avance et il aurait connu un échec certain). Un roman qui vend, ce n'est pas forcément un bon roman. Et ça , on l'oublie souvent.

Et donc j'en reviens aux super héros : ce sont des mythes parfois seulement divertissants, mais parfois très intelligents et elle avait du oublier que les comics ont commencé comme la sf et la fantasy soit dans des revues pulps....et que la vision qu'elle a parfois de la s et des comics, me parait franchement réductrice. Comme quoi, le fameux discours du " c'était mieux avant" ne date pas d'hier.
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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Pierre-Paul Durastanti » 22 mai 2018 à 20:56

Elle écrit avant la révolution moderne des comics, ceci dit. Le bouquin date de 78, les essais de la première moitié des 70s.

Pas du tout d'accord avec toi sur les fins de l'écriture. Ecrire sans vouloir être publié, c'est comme parler tout seul. Pour UKLG, c'est évidemment rédhibitoire, vu que toute son oeuvre concerne la relation à l'autre.

(Dommage que la couverture de l'édition poche n'ait pas été faite par un spécialiste des comics, par contre...)
Je rêve sur le bord du monde et de la nuit. (…) Qui est là? Ah très bien : faites entrer l’infini. -- Louis Aragon
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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Aldaran » 23 mai 2018 à 10:22

ZRK a écrit :Et je ne suis pas trop d'accord quand elle dit qu'il faut écrire pour être publier sinon ça n'a aucun sens et qu'elle aurait abandonné si elle n'avait pas "percé". On écrit avant tout pour soi, par passion, ahma. Est-ce que l'on arrête un sport parce qu'on ne gagne jamais une compétition ou que l'on est pas professionnel ?

Pas du tout d'accord avec ça. On écrit pour être publié.
Écrire pour soi (alors que, techniquement, on sait déjà ce qu'on a à dire) me paraît au mieux inutile, au pire idiot.
Mais je peux me tromper.
Quoi qu'il en soit, j'avais loupé la sortie du bouquin et, de manière certaine, il va rejoindre une certaine rose des vents sur mes étagères.
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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Albumine Tagada » 23 mai 2018 à 11:07

Les motivations d'écriture sont diverses et bien plus nombreuses que "pour soi/pour publier". Ça me paraît un peu rapide de taxer d'inutiles ou d'idiotes les pratiques ou dynamiques d'écriture qui n'ont pas la publication comme finalité. Si on fait l'analogie avec la musique, beaucoup de personnes aiment taquiner des instruments chez eux, sans forcément avoir l'envie de se produire en concert. Ça ne veut pas dire pour autant qu'ils "parlent tout seul", si ?
Et non, on ne sait pas forcément ce qu'on a à dire avant de l'avoir écrit ;)

Du coup, ça me donne envie de le lire, ce bouquin !
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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Aldaran » 23 mai 2018 à 11:33

Albumine Tagada a écrit :Les motivations d'écriture sont diverses et bien plus nombreuses que "pour soi/pour publier". Ça me paraît un peu rapide de taxer d'inutiles ou d'idiotes les pratiques ou dynamiques d'écriture qui n'ont pas la publication comme finalité. Si on fait l'analogie avec la musique, beaucoup de personnes aiment taquiner des instruments chez eux, sans forcément avoir l'envie de se produire en concert. Ça ne veut pas dire pour autant qu'ils "parlent tout seul", si ?
Et non, on ne sait pas forcément ce qu'on a à dire avant de l'avoir écrit ;)

Du coup, ça me donne envie de le lire, ce bouquin !

Toujours pas d'accord (et peut-être toujours dans l'erreur).
Que l'on ne sache pas comment on va écrire (le style et patin couffin), je peux comprendre.
Mais ne pas savoir ce que l'on va écrire, c'est à mon sens parler pour meubler, pour ne rien dire.
Je ne vois pas bien qui pourrait être branché par ça à moins de tenir tout particulièrement à une chose vide de sens
et qui serait a priori incompréhensible à tout autre personne qui lirait cette chose.
(Nébal et d'autres mauvais esprits feront le rapprochement avec la poésie, je pense... :D )
Pour la comparaison avec la musique, ça me semble hasardeux.
Faire de la musique, c'est une chose. Écrire, c'est exprimer une pensée cohérente, une réflexion.
Ce sont deux choses qui n'ont strictement rien à voir, selon moi.
(Mais je peux etc.)
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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Albumine Tagada » 23 mai 2018 à 14:23

Pas sûr qu'il y ait d'erreur ou de vérité ici, hein ! Juste différentes conceptions de la littérature ou de l'acte d'écrire.
Mais si l'analogie avec la musique ne te convient pas, celle avec la parole que tu utilises me paraît tout aussi peu probante ! Je ne suis pas sûr qu'écrire - même des récits - soit automatiquement synonyme de "communication avec autrui", d'expression d'une pensée, d'une réflexion, d'un sens... J'ai toujours eu du mal avec cette idée d'auteur qui a un "message" à faire passer, comme une sorte de Robinson lançant une bouteille à la mer.
Certes, ça existe, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus répandu dans la littérature occidentale, mais ça ne résume à mon sens pas du tout la littérature en général, et encore moins l'acte d'écrire. Certains récits sont parfaitement dénués de message (pas sûr que les récits d'aventure de certains pulps ou que certains polars hardboiled aient tous un sous-texte foisonnant, par exemple), tout comme certains auteurs écrivent au fil de la plume et, oui, découvrent leur histoire en même temps qu'ils la font (ce qui n'a pas forcément à voir avec le style). Ça arrivait souvent aux feuilletonistes du XIXe, par exemple.
Pour en revenir à nos moutons le guinesques, je persiste à rejoindre ZRK sur l'idée que notre bonne Ursula voit l'écriture sous un angle purement professionnel (et peut-être un tantinet américain ?) : il faut soit percer, soit abandonner. C'est tout à fait compréhensible, mais ça ne recouvre selon moi pas du tout la totalité des motivations et des besoins de certains en matière d'écriture.
(Mais je peux, etc aussi, hein^^)
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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Aldaran » 23 mai 2018 à 15:31

À mon avis, la parole est nettement plus comparable à l'écrit que ne pourra jamais l'être la musique.
C'est la même démarche : exprimer une pensée. Quelle qu'elle soit.
Profonde ou non, j'entends. Nul besoin d'invoquer des missions supérieures ou autres "bouteilles à la mer".
Je n'ai jamais entendu un auteur répondre "rien, absolument rien" à la question : "qu'as-tu voulu exprimer dans ton texte ?"
Pour ce qui est du terme "percer", il induit à mon sens une notion de succès qui n'est effectivement pas forcément présente dans les motivations de ceux qui écrivent. Mais quel auteur (éprouvant le besoin de coucher ce qu'il pense sur le papier, donc) écrirait si ce n'est pas dans le but d'être lu ? Donc d'être publié.
Si internet a totalement bouleversé la notion de publication, cette dernière existe toujours dans le but évident d'être lu.

Le fait est que nous ne sommes pas d'accord.
Ce n'est ni une chose rare ni une chose grave.

J'oubliais : lorsque tu dis Je ne suis pas sûr qu'écrire - même des récits - soit automatiquement synonyme de "communication avec autrui", je suis très surpris. À quoi pourraient bien servir le langage et l'écrit, dans ce cas ?
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Re: Ursula K. LE GUIN - Le Langage de la nuit

Messagepar Albumine Tagada » 23 mai 2018 à 16:12

À exprimer. On peut vouloir exprimer sans vouloir communiquer. Enfin, je pense.
Des millions de gens ont des carnets intimes. Ils écrivent pour rendre compte de sensations, de perceptions, de sentiments qu'ils n'ont aucune envie de communiquer. Des artistes comme Henry Darger ont passé leur vie à écrire sans imaginer une seconde publier ce qu'ils produisaient (certes, c'est un cas un brin particulier !)

De même, je ne pense pas qu'on veuille forcément exprimer quelque chose quand on écrit un récit (ou même quand on parle, hein). Certains auteurs se contentent de vouloir raconter une bonne histoire, et c'est déjà beaucoup (et oui, dans ce cas-là, on écrit pour être lu).

Mais bon, agree to disagree, hein, comme on dit ;)

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