Pour ceux qui sont intéressés par les échecs je vous mets cet article sur la révolution AlphaZero.
GD
Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :Pour ceux qui sont intéressés par les échecs je vous mets cet article sur la révolution AlphaZero.
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Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :Pour ceux qui sont intéressés par les échecs je vous mets cet article sur la révolution AlphaZero.
GD
Intéressant article, mais qui appelle la discussion sur plusieurs points (j'essaye de rester clair pour les non-initiés).
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D'abord, la tarte à la crème du match Deep Blue-Kasparov, qui a surtout été un tournant médiatique. IBM aurait dû aussi faire se battre Deep Blue contre un joueur plus positionnel que Kasparov pour que la domination des machines ait vraiment un sens...
Notez d'ailleurs que quelques années plus tard Christophe Léotard, le futur 19ème champion du monde d'échecs par correspondance, a battu des ordinateurs en match par correspondance, parce que la qualité d'une analyse humaine sur papier surpassait encore la force brute d'un logiciel commercial (c'était avant l'arrivée d'Houdini et de Stockfish).
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Ensuite, l'influence sur le jeu des logiciels, qui aurait conduit à réviser l'académisme ambiant. Ca se discute, pour plusieurs raisons.
Déjà, le plus important changement dans le jeu de ces dernières années côté ouvertures, c'est sûrement le retour de la défense Berlinoise de la partie Espagnole, et c'est à un joueur humain, Kramnik, qu'on le doit, là encore lors d'un match (victorieux) contre Kasparov (qui n'a donc vraiment perdu que 2 matchs dans sa vie échiquéenne).
Après, si certains éléments classiques ont pu être réévalués lors de l'arrivée des logiciels à 3000-4000 d'ELO (le roque tardif, le jeu de flanc), ils l'avaient déjà été par certains joueurs hypermodernes. C'est donc plus un revival qu'autre chose.
Surtout, l'ordinateur, que tout le monde utilise pour préparer ses parties maintenant, a conduit à une certaine standardisation du jeu, au point qu'on a pu dire que le seul jouer contemporain à avoir un style original était Carlsen (plusieurs fois champion du monde). Ca se discute évidemment, mais ce qui est sûr, c'est que l'approche de Carlsen (ne pas choisir ce qui serait forcément le meilleur coup et arriver à des positions tout juste légèrement supérieures, où un louvoiement à la Nimzovitch permet d'épuiser l'adversaire et de remporter finalement la victoire), ce n'est pas la plus répandue actuellement.
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Enfin, le rapport force brute VS IA. Je m'étonne toujours que ce type d'articles ne mentionne pas le premier jeu où les programmeurs aient utilisé des réseaux de neurones avec succès, à savoir le backgammon.
En dehors du fait que c'est basiquement un jeu de course et pas d'affrontement, le backgammon a une différence fondamentale avec les échecs : il y a un lancer de dés à chaque coup, qui détermine ce que le joueur va pouvoir faire de ses pions. Cela implique une décision au coup par coup, quitte à réviser un plan précédemment adopté si la situation l'impose (beaucoup plus qu'aux échecs en tout cas). Et il y a bien sûr la problématique du videau (proposer à l'adversaire d'abandonner ou de poursuivre la partie pour le double de points, dans le cas d'un match).
Le fait que l'arbre des possibilités grimpe beaucoup plus vertigineusement qu'aux échecs (donc au passage que l'étude des ouvertures est loin d'avoir la même importance qu'aux échecs, même si tous les joueurs connaissent le meilleur premier coup, et parfois le deuxième) a fait que la force brute n'a jamais marché, mais l'approche par réseau de neurones, si (pour info, TD-Gammon a été codé par IBM bien avant Deep Blue).
L'arrivée de Jellyfish, Snowie, GnuBackgammon (le meilleur logiciel gratuit actuel) ou eXtremeGammon (le meilleur logiciel payant actuel) a débouché sur de nouvelles élaborations théoriques (plus ou moins en germe auparavant), la plus notable étant à mon sens l'insurpassable Modern Backgammon de Bill Robertie (également joueur d'échecs).
Surtout, des livres classiques dans l'histoire du jeu ont été revus avec ordinateur, un mouvement que les échecs ont moins effectué me semble-t-il (alors que revoir les commentaires d'une partie avec les logiciels actuels est intéressant, je me souviens d'une position que l'entraîneur de Kasparov analysait d'une façon erronée, le coup perdant n'était pas là où il le croyait).
Notez aussi un point intéressant des logiciels de backgammon : tous offrent la possibilité de ne pas se contenter de la fonction d'évaluation de la machine, mais d'évaluer le coup en jouant (rapidement et sans qu'on le voie) N parties fictives (trials), ce qui fournit une meilleure estimation de la position. Il peut donc arriver, quand on joue en mode tuto contre la machine, d'avoir raison contre elle, même si c'est juste le fait que le coup choisi est au moins aussi bon que le sien (ça m'arrive avec GnuBackgammon, c'est moins le cas parait-il avec eXtremeGammon). Du coup, jouer au backgammon en mode tuto est peut-être plus amusant que jouer aux échecs en mode tuto (où l'on va juste éviter une grosse erreur tactique, mais pas forcément comprendre que son approche stratégique n'était pas la bonne ; c'est plus facile au backgammon, où les meilleurs coups vont souvent avoir la même approche stratégique).
Au passage, la fonction d'évaluation utilisée dans le backgammon (l'espérance mathématique, le nombre de points qu'on peut gagner) n'a rien à voir avec la fonction d'évaluation dans le jeu d'échecs (où l'avantage est mesuré en nombre de pions virtuels d'avance, je mets "virtuel", car on peut avoir encore tous ses pions et pièces mais être à -1 quand même).
Oups, j'ai été trop long...
Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
Weirdaholic a écrit :Oups, j'ai été trop long...
C'est long mais très intéressant, merci beaucoup. :-)
Pour mettre mes deux sous dans la machine :
- Si l'IA est moins chère, des éditeurs s'y mettront même si le résultat n'est pas aussi bon avec un être humain. Et si suffisamment d'éditeurs s'y mettent, ce sera compliqué de bloquer la tendance. Les auteurices qui interdisent de l'utiliser se fermeront les portes de diverses maisons, sauf si iels ont assez de poids.
- L'IA peut être un outil utile sur des sujets précis et si ces IA sont entraînées avec des données pertinentes. Et c'est là que le bât blesse.
- Le tout IA qu'on nous vend en ce moment est surtout un mirage. C'est la dernière techno-bricole dans laquelle un tas de boites se précipitent à la recherche d'un nouvel el dorado ou d'une n-ième martingale, après les NFT, après les cryptomonnaies, etc. Ça finira pas s'essouffler, il y a aura des boites qui y laisseront suffisamment pour couler et quelques domaines d'activité humaine auront été joyeusement saccagés dans l'intervalle.
Pour appuyer le dernier point, je vois passer régulièrement des analyse/articles/étude sur ce que les "IA" (parce que sérieusement y a rien d'intelligent dedans) alimentées n'importe comment à coup de machine learning réalisent comme performance et y a franchement pas de quoi se vanter. Entre celle qui auraient imaginé de pleines brouettes de "nouvelles" molécules... sans aucune utilité, celle qui identifie des champignons... avec un taux de réussite de 90% (en gros 10% de vous tuer à chaque usage), etc. on voit pour le moment beaucoup de chose qui ont un niveau de fiabilité/utilité vraiment ridicule. Et quand le coût de tout ça (parce que ça n'est pas gratuit) finira par rattraper tout le monde, ça va faire mal. On polluera alors peut-être un peu moins les réseaux avec des merdes pondues au kilomètre par midjourney et consort.
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
L’IA chez Apple serait nommée « Apple Intelligence ».
En toute simplicité !
On rêve d’une fonction de traduction automatique intégrée à Livre, l’application de lecture des ebooks.
Enfin… tout le monde n’en rêve pas, en fait. Bien au contraire.
En toute simplicité !
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Enfin… tout le monde n’en rêve pas, en fait. Bien au contraire.
The Moon landing was an inside job. All the evidence is inside.
- Weirdaholic
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Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
Herbefol a écrit :- L'IA peut être un outil utile sur des sujets précis et si ces IA sont entraînées avec des données pertinentes. Et c'est là que le bât blesse.
[...]
Pour appuyer le dernier point, je vois passer régulièrement des analyse/articles/étude sur ce que les "IA" (parce que sérieusement y a rien d'intelligent dedans) alimentées n'importe comment à coup de machine learning réalisent comme performance et y a franchement pas de quoi se vanter. Entre celle qui auraient imaginé de pleines brouettes de "nouvelles" molécules... sans aucune utilité, celle qui identifie des champignons... avec un taux de réussite de 90% (en gros 10% de vous tuer à chaque usage), etc. on voit pour le moment beaucoup de chose qui ont un niveau de fiabilité/utilité vraiment ridicule.
Effectivement, tu soulèves un point capital, qui peut se résumer par le célèbre acronyme GIGO : Garbage In, Garbage Out (Déchet en Entrée, Déchet en Sortie pour les non-anglophones).
Autrement dit, si tu ne fournis pas assez de donnée pertinentes à l'IA, ou des données biaisées (les fameuses IA de reconnaissance faciale optimisées pour les peaux blanches), ben les résultats qu'elle te fournit sont douteux.
(Beaucoup d'institutions qui rêvent d'avoir par exemple un chatbot sur leur site tomberont de haut je pense quand elle comprendront le travail que c'est d'établir suffisamment de scénarios conversationnels pour alimenter l'IA...)
De façon générale, j'ai peur que la vogue de l'IA ne dissuade les computer scientists de faire du vrai travail de fond sur les problèmes. Coder un réseau de neurones, de mon point de vue, c'est basiquement du paramétrage, il n'y a pas de créativité au niveau algorithmique. On ne cherche plus à résoudre de façon précise un problème, on passe les données à l'IA, et on la laisse se débrouiller - on abandonne donc l'idée d'avoir une vraie solution pour le problème, par exemple un vrai programme capable d'identifier les champignons, pour reprendre ton exemple. (Je ne sais pas si je suis clair.)
Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
Weirdaholic a écrit :(Beaucoup d'institutions qui rêvent d'avoir par exemple un chatbot sur leur site tomberont de haut je pense quand elle comprendront le travail que c'est d'établir suffisamment de scénarios conversationnels pour alimenter l'IA...)
J'en connais au moins une qui va perdre ses illusions dans pas très longtemps.
Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
Lhisbei a écrit :Weirdaholic a écrit :(Beaucoup d'institutions qui rêvent d'avoir par exemple un chatbot sur leur site tomberont de haut je pense quand elle comprendront le travail que c'est d'établir suffisamment de scénarios conversationnels pour alimenter l'IA...)
J'en connais au moins une qui va perdre ses illusions dans pas très longtemps.
Tu penses à l'éducation nationale et l'IA sur la tablette des Secondes ?
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Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
Weirdaholic : sur les Echecs globalement d'accord avec tes propos. La plus grande évolution du jeu et qui a un impact sur la force actuelle des meilleurs grands maitres (il n' y a qu'à voir le niveau actuel de Ding Liren, champion en titre) ne vient pas AMHA des ordinateurs mais des humains, en particulier de la volonté des organisateurs de raccourcir les épreuves de qualification , de diminuer le temps de jeu des parties, d'imposer des blitz de départage etc. ceci répondant au gout et au marketing de l'époque. Enfin, on voit des joueurs armés d'une préparation de fer par ordinateur se mêler les pinceaux dans les variantes le jour J devant l'échiquier. Est ce que le Jeu d'Echecs est un bon marqueur de l'implication des IA et de leur influence dans le quotidien des sociétés du futur ? Je ne pense pas.
- Weirdaholic
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Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
Soleilvert a écrit :Weirdaholic : sur les Echecs globalement d'accord avec tes propos. La plus grande évolution du jeu et qui a un impact sur la force actuelle des meilleurs grands maitres (il n' y a qu'à voir le niveau actuel de Ding Liren, champion en titre) ne vient pas AMHA des ordinateurs mais des humains, en particulier de la volonté des organisateurs de raccourcir les épreuves de qualification , de diminuer le temps de jeu des parties, d'imposer des blitz de départage etc. ceci répondant au gout et au marketing de l'époque. Enfin, on voit des joueurs armés d'une préparation de fer par ordinateur se mêler les pinceaux dans les variantes le jour J devant l'échiquier. Est ce que le Jeu d'Echecs est un bon marqueur de l'implication des IA et de leur influence dans le quotidien des sociétés du futur ? Je ne pense pas.
Effectivement, tu as raison, j'ai oublié de parler du raccourcissement du temps de jeu, qui a façonné les compétitions modernes dans un certain sens : plus de parties ajournées ou trop longues, mais des parties courtes, impliquant potentiellement plus d'erreurs donc de rebondissements, dans un évident souci médiatique. Ca avantage évidemment les joueurs doués pour penser vite.
(En comparaison, le shôgi, où la partie nulle est il est vrai rarissime, contrairement aux échecs, a gardé son temps long...)
En fait, la prépondérance de l'analyse des ouvertures (et de la préparation, point fort d'un Kasparov par exemple) dans les échecs ne date pas d'hier, pour preuve, la revue L'Informateur des échecs, qui date de 1966. La différence je pense, c'est que maintenant, vu que tout le monde a Stockfish, c'est difficile de trouver un coup qui surprendra l'adversaire dans une ouverture. (Après, certains joueurs, comme Maxime Vachier-Lagrave parient sur la complexité intrinsèque de certaines positions et ne cherchent pas forcément à surprendre l'adversaire, juste à lui donner trop de possibilités...)
Re: Traduction : L’IA a volé mon travail du jour au lendemain
M a écrit :Lhisbei a écrit :Weirdaholic a écrit :(Beaucoup d'institutions qui rêvent d'avoir par exemple un chatbot sur leur site tomberont de haut je pense quand elle comprendront le travail que c'est d'établir suffisamment de scénarios conversationnels pour alimenter l'IA...)
J'en connais au moins une qui va perdre ses illusions dans pas très longtemps.
Tu penses à l'éducation nationale et l'IA sur la tablette des Secondes ?
Je pense à mon employeur, France Travail, qui investit beaucoup dans l'IA (comme il avait investi beaucoup d'espoir dans Bob emploi).
On nous promet des gains de temps (et de productivité - comme de toute façon on va devoir accompagner plus de monde sans recruter, il faut croiser les doigts pour que ça fonctionne vraiment). De la donnée on en a, mais pour l'instant, les algorithmes censés nous aider sont... perfectibles disons.