Michel Jeury

[JDB]

Natacha Vas-Deyres annonce sur facebook le décès de Michel Jeury.
Pas d'autres informations pour le moment.
JDB

[Thomas Day]

Je n'ai pas trouvé de news, mais c'est confirmé par wikipedia.

TD

[JDB]

L'info vient du blog des Amis de Michel Jeury.
JDB

[ubikD]

Grande tristesse. J'ai decouvert l'auteur avec L'orbe et la roue, une fresque de science-fiction n'ayant rien à envier aux Anglo- saxons. Et puis, que dire du Temps incertain !

[M]

Je ne connaît quasiment pas l'auteur. Mais j'ai souvenir d'un vieux monsieur très gentil. La première fois que j'ai mis les pieds à la remise des GPI, j'étais assis à côté de lui. Je lui ai posé une question sur un auteur. Et après il m'avait commenté le reste de la cérémonie. Il devait avoir au moins une anecdote sur chacune des personnes dans la salle. Un très bon souvenir que je chéris davantage aujourd'hui.

[Pierre-Paul Durastanti]

Michel Jeury est décédé, m'apprend mon ami Lionel Evrard. Lui et moi (et d'autres, tels Frédéric Serva et Dominique Warfa) on connaissait l'ermite d'Issigeac (comme on l'appelait alors) depuis trente ans et quelques. C'est Michel qui, littéralement, m'a fait débuter en science-fiction. Je lui avais écrit une lettre de fan à l'automne 1979, il avait répondu (il répondait toujours), une correspondance nourrie s'était engagée, et il avait dû deviner quelque chose, et de toute façon il était d'un entregent sans faille : il m'avait orienté vers Francis Valéry, pour lequel j'ai fait mes premières critiques en amateur, ce qui m'a donné le courage de contacter Alain Dorémieux pour Fiction, ce qui... Bref, cet homme, c'était surtout un talent fou, une humanité sans défaut, un amour discret mais constant, une humilité incroyable, un humour pince-sans-rire ravageur, un réservoir d'anecdotes, et des tombereaux de gentillesse à fleur de peau. En une occasion, Fred Serva et moi, on campait sur le domaine dont Michel était le gardien et on essuyait un de ces orages cataclysmiques dont la Dordogne a le secret, la tente envahie d'eau, la foudre qui tombait non loin de là -- alors un rayon de torche électrique avait percé la nuit, et Michel, goguenard comme il savait l'être, nous avait lancé quelque chose comme : "Bon, vous avez prouvé que vous en avez, maintenant on arrête les conneries et on dort dedans, les p'tits jeunes." Je pourrais raconter des tas d'histoires sur Michel : la semaine où, pour aider sa femme Nicole, je l'ai remplacé auprès de ses vieux parents parce qu'il devait partir en déplacement, avec la lourde tâche de raser son père au coupe-chou, alors que j'avais peur de l'égratigner, ceux qui me connaissent sachant qu'à l'époque, le rasage m'était une expérience assez étrangère ; le repas, dans une autre région, une demi-douzaine d'années plus tard, à la Bambouseraie de Prafrance pour être exact, où on était venu en bande de Montpellier, avec des gens comme Richard Canal, Jean-Claude Dunyach et plein de mes copains montpelliérains, alors qu'on avait passé la nuit à fêter mon dégagement des obligations militaires en ne buvant pas que de l'eau, et où il nous avait accueillis de l'air malicieux de celui qui en a vu, des science-fictionneux de lendemain de cuite... La photo que je joins, repiquée à Natacha Vas-Deyres, c'est celle de Jeury et de sa fille Dany tels quel je les ai rencontrés, à quelques mois près. Le fait qu'il ait anticipé l'année de son départ ne me surprend même pas. Michel a eu une vie riche, longtemps difficile, avant de trouver ses voies, comme écrivain de SF, puis comme écrivain paysan (avant de revenir à ses premières amours ces dernières années), de se constituer une famille à laquelle il tenait plus que tout et de nouer des relations amicales avec une foultitude de gens dont je ne suis qu'un figurant parmi bien d'autres. On se reverra peut-être quelque part vers la Perte-en-Ruaba, m'sieur. Pour parler jusqu'à plus soif, se battre avec nos rêves, et rire doucement.

"Le premier Œil apparut quelques minutes plus tard, ou quelques instants, ou peut-être une heure. Il glissait lentement dans une clarté huileuse, entre la Terre et la Lune. Il était très allongé, d'un vert assez cru, avec une pupille dorée et deux paupières un peu bridées qui évoquaient une carène, un fuselage...
"Les Yeux Géants étaient-ils des yeux, des vaisseaux ou des dieux ? Nous n'en savions rien, mais nous ne pouvions plus douter de leur existence. Je résistai de toutes mes forces à la peur, à l'exaltation et à l'espérance. Puis je cédai. Comme les autres...
"Je sentis des larmes couler le long de mon nez et j'eus honte.
"J'avais envie de mourir ou de vivre toujours."
-- Michel Jeury, Les yeux géants

[Aussenwelt]

Je participe peu à ce forum, et je suis gêné de le faire (à nouveau) alors qu'il s'agit d'une disparition ...

Mais c'est une triste nouvelle, oui. Je n'ai pas eu l'occasion ou la chance de connaître Michel Jeury ; je l'ai lu. En nouvelles, en un roman (le Temps Incertain) : les mots "humanité" (plus haut), "frère" (chez Pierre Pelot) font tout à fait écho.

[Soleilvert]

Ah, le temps incertain ... Une œuvre exceptionnelle.
J'avais pu le voir à Sèvres, on avait discuté du Périgord et des années difficiles.

A part ça, les mauvaises nouvelles continuent, tout va bien.

[Erwann]

Grande tristesse aussi. Le Temps incertain m'a bien marqué, quand je l'ai découvert.

La photo postée par Pierre-Paul m'intrigue. Question bête, mais a-t-elle subi une retouche pour l'occasion ?

[Tétard]

Voici ce que quelqu'un en dit sur le mur Facebook de Natacha Vas-Deyres, qui a partagé la photo (non retouchée, donc) :

A la fin des années 1970, Michel Jeury a participé (je crois me souvenir qu'il en était le scénariste ou au moins le co-scénariste) à un téléfilm de SF, réalisé par le bordelais Jacques Manlay (décédé en 2010), titré "Opzone 24". C'était une sorte de fable écolo futuriste qui se situait dans un Périgord préservé - Opzone signifiait "Original Preserved Zone". C'est dans le cadre de ce téléfilm qu'avait été fabriquée cette fausse croix tombale, avec la date 2015. Il faut essayer de comprendre que vers 1977, l'An 2000 était un truc mythique situé dans un futur des plus lointains et des plus incertains (déjà on se demandait si on allait survivre à 1984 !) ; alors l'an 2015, vous pensez ! Ce bout de bois faisait marrer Michel, il a longtemps traîné dans son bureau, au château, en haut d'une étagère.